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M.I.A.

XL – 2010
par Serge, le 2 août 2010
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Au nom du Clash, que d'horreurs ont foulé le monde : 35 tonnelets de groupes keupons aux neurones dézingués par la Pattex, Manu Chao, et aujourd'hui M.I.A.. Voir ces brèles se réclamer de Joe Strummer, c'est l'équivalent de t-shirts Ramones et Motörhead dans les rayons de H&M. Les matins de cuite, les soirs éthyliques, ça fait penser que l'univers s'est dézingué, que l'Antéchrist est déjà à l'oeuvre, que plus très loin n'est le temps des nuées de ptérodactyles fondant sur la foule des Champs-Elysées. C'est tout le problème d'un idéal, sa damnation aussi. Dès qu'il est partagé, il est forcément mal compris. Dès qu'il est transmis, il se produit des altérations, des effets pervers, qui peuvent mener à produire des héritiers se réclamant de postures dont ils présentent pourtant l'exacte antithèse. L'histoire se répète. En grimaces.

Il y a genre 30 ans, on avait donc ce mec, habité, en mission, Joe Strummer. Aujourd'hui, on a M.I.A, qui s'en réclame à donf alors qu'elle n'en est pourtant à peine qu'une caricature bitchy. Qui annonce se foutre de son image mais balance sur Twitter les données personnelles d'une journaliste l'ayant un peu trop critiquée (t'arrives quand tu veux, Tamoule frite...). Qui là où le sieur Strummer prenait la révolution sandiniste comme tremplin vers une véritable et exemplaire défiance à l'égard de l'establishment conservateur, M.I.A insiste surtout sur un problème d'indépendance territoriale infra-asiatique dont son public se fout éperdument puisque n'ayant personnellement aucun modèle de vie à tirer de ce combat dont personne ne comprend d'ailleurs grand-chose. Strummer n'était peut-être pas beaucoup plus malin mais il était clair, très clair, dans ce qu'il racontait. M.I.A, son discours sur l'ordre du monde est tellement nébuleux qu'il en devient l'équivalent du scénario de la trilogie Matrix par rapport à la philosophie post-moderniste. Et puis surtout, non contente d'être un personnage aussi arrogant qu'exténuant, M.I.A balance surtout du son de merde sur la piste de cirque. Et c'est évidémment principalement ça qui est impardonnnable...

Tu prends Suicide, tu en pitches un bout, tu gueules dessus que tu es née libre (dans ton cul) et tu obtiens le seul morceau potable d'un album qui navigue sinon plutôt entre Kylie versus 2 Unlimited ("XXXO"), bounce music plus proche des tubes de Jordy que de l'idéale Miami Bass ou encore lamentable pouet pouet quelque part sur l'échelle de la déchéance entre une face B Ed Banger Records et un tube de Tektonik. Bref, la vérité, c'est qu'entre Yolanda B Cool et Jessy Matador, la véritable place de M.I.A, c'est le Top 50 et le meilleur endroit où faire péter sa musique, une poignée de subwoofers dans le coffre d'une bagnole tunnée, sur le parking du Carrouf de Tourcoing, un dimanche matin en faisant des freins à main. Hype? Branchée? Moderne? Subversive? Passionnante? Estimable? Non, juste férocement naze et typique de ce genre d'artistes dont le buzz est plus alimenté par le personnage qu'ils jouent que par la force de ce qu'ils produisent. Straight to Hell, indeed...

Le goût des autres :
4 Soul Brotha 2 Thibaut 6 Laurent