Xen

Arca

Mute – 2014
par Jeff, le 25 novembre 2014
7

Depuis plusieurs mois, le nom d’Arca est sur pas mal de lèvres. Normal, le mec s’est fendu d’une mixtape prometteuse, a travaillé sur plusieurs titres du Yeezus de Kanye West (même si son nom a été éclipsé par de plus prestigieux collaborateurs), a participé à l’éclosion de l’ovni FKA Twigs, a tapé dans l’œil de Björk qui l’a recruté pour co-produire son nouvel album, et enfin a signé sur l’exigeant label Mute qui vient de sortir son premier album. Cet engouement pour le producteur vénézuélien est tout a fait compréhensible tant il tranche avec une époque qui a davantage tendance à recycler le passé qu’à écrire l’avenir. Dans cette optique, ses collaborations avec L’Islandaise ou Yeezy prennent tout leur sens tant ces deux artistes, qu’on les adore ou qu’on les abhorre, ne sont pas vraiment connus pour le tendance au conformisme. Placées ces quelques balises informatives se pose alors la question de la catégorisation de la musique d’Alejandro Ghersi, et c’est là que ça se complique méchamment pour le lecteur en quête de lignes de démarcation. Si l’on a au moins la certitude de pouvoir le ranger dans la grande famille des ‘beatmakers’ (au sens le plus large du terme), c’est tout de suite après que la foire d’empoigne débute, quand il faut lui trouver une chapelle à ce gentil monsieur. La tâche est ardue, tant les clins d’œil, voulus ou non, sont autant de tentatives de brouiller les pistes ou de délimiter les contours d’un univers dont il est le seul à comprendre le fonctionnement. Histoire que vous nagiez autant dans le brouillard que nous, on citera comme pseudo-repères Fuck Buttons, certaines sorties du label Tri-Angle, la musique traditionnelle asiatique, les boucles cramées de Clams Casino ou les b.o. de vieux films de science-fiction. Dans ce magma de bonnes idées, il faut également composer avec l’art du contre-pied du Vénézuelien, qui prend beaucoup de plaisir à jouer sur les cassures et les surprises, quitte à ce que son Xen soit par moments un peu indigeste et manque clairement de singles capables de convaincre le type un peu curieux. Pourtant, derrière ses airs de grandiloquence ou de condescendance se cache un disque qui ne manque pas d’idées, de flair et d’audace. Mais un peu à l’image d’un Flying Lotus avec ses albums en forme de vignettes incomplètes qui méritent mieux que ça (ou un grand emcee), Arca semble être le genre d’artiste capable d’exploiter pleinement son potentiel en mettant son talent au service d’autrui. 

Le goût des autres :
8 David C.