Wooden Shjips

Wooden Shjips

Holy Mountain – 2007
par Nicolas, le 27 décembre 2007
8

C’est toujours avec une joie non dissimulée que l’on accueille les sorties du label Holy Moutain. Pourquoi tant de dévotion pour cette montagne sacrée ? Tout simplement parce que c’est cette dernière qui a mis au monde les deux premiers disques de Om (Variations On A Theme et Conference Of The Birds), un groupe de métal psychédélique né sur les cendres de Sleep. La formation d’Al Cisneros et de Chris Hakius a beau vaquer aujourd’hui sous d’autres cieux, ceux de Southern Lord qui vient de sortir Pilgrimage (produit par un certain Steve Albini), notre respect ne fait que grandir pour un label qui s’obstine à défricher des territoires musicaux obscurs mais non moins passionnants. Et ce n’est pas l’arrivée du premier album de Wooden Shjips qui risque de nous contredire.

Dans un premier temps, la formation de San Francisco s’est fait connaître sur base de l’édition vinyle de ce premier album qu’elle envoyait gratuitement à tous ceux qui la désiraient. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette idée fut ingénieuse vu que le groupe se trouve aujourd’hui signé et son album acclamé de toutes parts. Mais quelle est donc la recette du succès du Wooden Shjips ? Tout d’abord, il s’agit d’un opus à haute teneur psychédélique, à l’image des autres sorties de Holy Mountain, sorti tout droit d’un autre temps. Sous les arcs électriques dressés à coups de guitares et d’orgues vociférants, la voix du chanteur s’apparente à celle d’un Jim Morrison (le très Doors "We Ask You To Ride") plongée sous une masse réverb, à défaut d’autres substances… En l’espace de cinq morceaux, pour un peu plus d’une demi-heure de musique, les Américains viennent tutoyer l’héritage des tenants du rock hypnotique que sont Spacemen 3 et Loop. Mais là où certains plongent dans les profondeurs abyssales et caverneuses où le seul souvenir d’une perfusion droguée sert de cordée, Wooden Shjips parvient à dynamiter l’ensemble avec le vrombissement quasi permanent de guitares ainsi qu’un rythme à donner envie au kraut de Can de se joindre à la partie.

Nouvelle tête chercheuse de la galaxie Holy Mountain, Wooden Shjips démontre donc un réel talent quand il s’agit de perdre son auditeur dans les brumes psychédéliques de ses compositions. Car s’il démarre, cet opus, sous les astres des Doors, le groupe s’en démarque par la suite afin de nous faire succomber dans son univers déviant, à l’image de son nom évoquant un morceau ("Wooden Ships") de Crosby, Stills & Nash dans lequel vient se perdre la lettre j. Quant à nous, nous sommes toujours à la dérive dans un monde où les frontières s’estompent pendant que les ombres demeurent.