West

Wooden Shjips

Thrill Jockey – 2011
par Jeff, le 17 août 2011
8

A l'échelle du rock alternatif, les mecs de Wooden Shjips sont de véritables stars. Par contre, on ne peut pas vraiment dire que leur rock psychotropé  ait vraiment pénétré les couches plus mainstream de la population, et ce malgré une musique tout bonnement géniale et une discographie pour le moins abondante. En effet, le groupe traîne ses guêtres des les limbes de l'underground depuis un paquet d'années maintenant, même si les livres de le petite histoire du rock retiendront que le groupe tel qu'on le connaît et l'apprécie aujourd'hui existe depuis 2006, période à laquelle il a commencé à sortir des disques enregistrés en mode DIY, notamment pour Holy Mountain. Et si ce talent à l'état brut a pu plaire à pas mal d'oreilles fines et défricheuses, celles-ci vont devoir se faire une raison: Wooden Shjips n'est plus appelé à être considéré comme l'un des secrets les mieux gardés du rock indépendant américain, mais bien à en devenir l'un des plus beaux fleurons.

En effet, désormais sur une structure davantage en mesure de propager sa bonne parole (Thrill Jockey), le groupe de Ripley Johnson (croisé quelques mois plus tôt au sein de Moon Duo) a pour la première fois accepté d'enregistrer son album dans un véritable studio, mais aussi de laisser un ingénieur du son venir faire joujou avec les boutons et laisser un corps étranger mixer le tout. La bonne nouvelle, c'est que Thrill Jockey s'est débrouillé pour que des mains expertes se penchent sur ce West: ainsi, tandis qu'on retrouve Phil Manley de Trans AM à la production, c'est le pape du fuzz et de la reverb Sonic Boom qui s'est chargé de catapulter dans la stratosphère ce nouvel album de Wooden Shjips. Le résultat? Tout bonnement ébouriffant et irrésistible. En même temps, venant d'un groupe connu pour être un mélange capiteux du Velvet Underground, des 13th Floor Elevators et de Suicide, la surprise n'est pas vraiment de taille. Disons qu'elle se situe surtout au niveau de la qualité de l'écriture, plus efficace qu'un Lionel Messi des grands soirs et plus dense qu'une pinte de Guiness – mais provoquant des effets similaires à ceux d'une concoction chamanique.

Les yeux bien calés dans le rétroviseur, les gars de Wooden Shjips font parler la poudre sur fond d'incantations droguées et de riffs plus pesants les uns que les autres. On pourrait alors penser que West va faire partie de cette catégorie de disques pour brlaneurs professionnels se sentant obligés de jouer la carte des prolongations inutiles en plombant leurs compositions des solos de guitare interminables. C'est pourtant tout le contraire qui se passe: avec seulement 38 minutes au compteur, West réussi le petit exploit de laisser dans la bouche une agréable impression de longueur alors que ses morceaux tournent plutôt autour des cinq minutes. Comme quoi, le rock psyché ne doit pas forcément se perdre en circonvolutions pour être efficace. Et rien que pour cela, on dit merci à Wooden Shjips. Au fait, une dernière petite chose: le groupe risquant fort de faire parler de lui dans les semaines à venir, autant vous dire que Wooden Shjips se prononce "woudenchaïps". Ca pourrait toujours servir.