West of Eden

HMLTD

Lucky Number – 2020
par Gwen, le 24 février 2020
7

Parmi la nuée d’imports anglais qui s’ébrouent joyeusement sous le soleil du printemps post-punk, HMLTD fait un peu office de vilain petit canard. Au moment où la plupart de leurs camarades ont pris le large dans leurs vestons trop grands, les Londoniens sont restés cloués à leur quai, sans avoir jamais pu profiter de la hype qui s’était attachée à leur premier EP. L’intérêt était présent mais leur grand méchant label (Sony, pour ne pas le citer) a décidé d’enterrer l’affaire sans beaucoup d’explications. On les soupçonnera ne pas avoir su comment empaqueter cet objet mutant qui ne remplissait aucune feuille de route. Il a donc fallu presque trois ans pour que le vilain petit canard soit enfin prêt à assumer son envergure de flamboyante créature à plumes et à paillettes.

L’album s’ouvre avec "The West Is Dead", une fessée électro-rock à laquelle ne trouvera pas d’équivalent au court des 45 minutes qui suivront. "LOADED" vient ensuite picorer du côté de Depeche Mode avant que le space western "To The Door", repêché parmi leurs premiers singles, ne vienne clôturer ce trio de tête. Pour le reste, il faudra faire votre choix entre le plus réjouissant (le doublé "Joanna" et "Where’s Joanna ?" qui flirte avec le cabaret décadent des Dresden Dolls) et le plus écoeurant ("Mikey’s Song" et sa pop qui colle aux dents ou "Nobody’s Stays In Love", le genre de morceau sous vide qui a du faire brièvement croire aux représentants de Sony qu’ils tenaient leur futur groupe de stade). 

West of Eden est comme une boîte de chocolats d’étudiant en art : tu ne sais jamais sur quelle dose d’amphét' tu vas tomber. Quitte à annoncer l’effondrement imminent de notre civilisation, autant que ce soit le plus fun possible. À l’image de leur esthétique d’escrocs glam-punk empruntée à Adam & The Ants, HMLTD ne craint ni les excès ni les provocations et leur orgie sonore ne mettra sans doute pas tout le monde d’accord. Les mecs ont suffisamment attendu leur moment de gloire que pour ne plus avoir envie de faire des compromis. C’est à la fois leur force et leur faiblesse. Il faudra donc contourner les nids de poule pour apprécier leur audace. Ce qui est certain, c’est qu’on ne risque pas de s’ennuyer en leur compagnie.