Waiting For The Dawn To Crawl Through And Take Away Your Life

Dakota Suite

Glitterhouse – 2007
par Jeff, le 1 mars 2007
8

 

« Y'a plus de saisons ma p'tite dame »... Nos grands-mères avaient donc raison depuis le début. Des décennies que les mémés bigoudisées du monde entier avaient prédit les bouleversements climatiques dont nous commençons seulement à ressentir les effets les plus néfastes avec une déconcertante exactitude. Prenez l'hiver, ou plutôt l'absence d'hiver: des températures anormalement clémentes qui donnent l'impression que l'automne se prolonge indéfiniment et quelques malheureux flocons de neige pour les plus chanceux. La Terre va mal. Au milieu de cette litanie de complaintes qui envahissent à juste titre les médias, il est une voix que l'on entend pas: celle des singers/songwriters. Pourtant, cette caste d'artistes bien particuliers a toutes les raisons de se plaindre car c'est lorsque le thermomètre frôle avec le zéro, que le vent se lève et que la pluie s'invite dans notre quotidien que l'écoute de leurs albums est la plus recommandée.

Mais voilà, en raison des conditions climatiques bien trop clémentes, il est fort probable que de nombreuses personnes passent à côté de Waiting For The Dawn To Crawl Through And Take Away Your Life, le cinquième album de l'Anglais Chis Hooson sous le pseudonyme de Dakota Suite. Ceux qui suivent cette âme torturée et meurtrie depuis ses débuts comprendront rapidement qu'il n'a toujours pas changé son fusil d'épaule: après des disques aux titres aussi réjouissants et évocateurs que The Way I'm Sick, The River Only Brings Poison ou Alone With Everybody, Chris Hooson continue de traîner son désespoir et son mal-être comme une âme en peine. Aussi, pendant une petite heure, l'auditeur erre comme hypnotisé dans un univers sombre dont la mélancolie qui l'imprègne n'a d'égal que la délicatesse des arrangements discrets qui le parsèment (violoncelle, moog, trompette,...). Les onze écrins que compte Waiting For The Dawn To Crawl Through And Take Away Your Life sonnent comment autant de blessures qui écrasent Chris Hooson, des maux profonds qu'il ne peut exprimer qu'au travers de ces mélodies poignantes parfaitement servies par une voix aussi douce que juste.

C'est certain, ce folk à la classe folle rappellera chez les plus connaisseurs d'entre vous les plus belles heures de Spain, de Smog, du American Music Club... ou de Dakota Suite. En effet, depuis ce jour béni où il décidé de mettre en musique ses pensées les plus sombres, Chris Hooson enchaîne les albums irréprochables dans la discrétion et l'indifférence la plus totale... et malheureusement, le pauvre n'est pas aidé par une nature déglinguée. En d'autres temps, j'aurais dit de ce disque qu'il est de saison. On dira qu'il est magnifique, tout simplement.

Le goût des autres :
9 Nicolas 8 Maxime