Vagabundos 2012 mixed by Luciano

Various Artists

Cadenza – 2012
par Jeff, le 31 juillet 2012
7

Luciano n’a peut-être pas encore le statut des DJ superstars qui phagocytent chaque été les meilleures soirées d’Ibiza, mais il n’en est pas loin. Cet année, ce sera une fois de plus dans le légendaire Pacha que le producteur hélvéto-chilien occupera l’espace tous les dimanches avec son concept Vagabundos. Et niveau invités, le type peut se targuer d’avoir réuni une belle brochette de copains, dont certains particulièrement chéris sur ces pages, à l’image de Frivolous, Reboot, Technasia ou Deetron.

Corolaire attendu de cette sauterie estivale, la compilation mixée. Alors oui, la galette traîne dans son sillage des airs un peu nauséabonds de travail promotionnel forcé (surtout quand on voit la pochette), mais ce serait vite oublier que Luciano n’est pas non plus coutumier de l’exercice et que la dernière fois qu’il s’était adonné à cet exercice, nos guiboles et nos esgourdes s’en souviennent encore. On était en 2008 et c’était pour la série Fabric, son 41ème volume plus précisément. Une sélection pleine de très bonnes choses (Djulz, M83 ou Kenny Larkin) qui dévoilait avec une efficacité redoutable une vision bien personnelle de la house, chaleureuse, généreuse et particulièrement calorique.

Alors si vous chérissez autant que nous cette galette mixée, on ne pourra que trop vous conseiller d’investir dans Vagabundos, parfait compagnon du Fabric 41. En effet, comme sur sa grande sœur, on se fait rapidement tacler les mollets par une sélection qui réussit l’exploit d’être à la fois pointue et grand public, ce qui n’est jamais facile quand on donne dans la house un brin latinisante comme des producteurs suceurs de hype aiment en produire au kilomètre.

Mais voilà, c’est précisément en écoutant les sélections de types comme Luciano qu’on prend conscience du gouffre abyssal qui sépare ces DJ’s à la petite semaine qui font joujou avec des CDJ dont ils exploitent 3 % du potentiel et des ambianceurs de la trampe de boss de Cadenza. Puissants sans être fatigants, évocateurs sans sombrer dans le cliché, les morceaux choisis par Luciano se déversent dans nos oreilles avec une légèreté qui ne saurait pourtant trahir le magnifique ouvrage réalisé derrière les platines. Le genre d’approche globale dans le travail de sélection qui rend impossible la mise en évidence de l’une ou l’autre bombe : d’une constance remarquable, Vagabundos s’enfile d’une traite. Avec pourléchage de babines jouissif en bout de course.

Face à tous les poncifs décourageants véhiculés par une industrie du clubbing à Ibiza, à moins d’avoir un sacré paquet d’euros en poche (comptez quand même 50 EUR pour assister à une soirée au Pacha), Vagabundos s’impose comme le genre de disque qui vous donnerait presqu’envie de griller vos économies dans un petit trip en terres espagnoles. Ce serait oublier qu’une fois terminées les vacances, Luciano est souvent de passage par chez nous. Et que vous pourrez donc profiter des talents du bonhomme sans vous coltiner les hordes de baltringues angliches qui pullulent sur l’île. Et pour tenir le reste de l’été, Vagabundos fera amplement l’affaire.