Trees Outside The Academy

Thurston

Ecstatic Peace – 2007
par Nicolas, le 2 octobre 2007
8

On ne vous fera pas l’injure de vous présenter Thurston Moore en tant que guitariste de Sonic Youth, l’un des groupes de rock indépendant les plus influents des deux dernières décennies. Mais loin de l’exposition médiatique dont bénéficie sa formation, Thurston Moore sort Trees Outside The Academy, un nouvel album solo à placer plutôt aux côtés de Psychic Hearts (1995) que de Root (1998). En tout cas, l’étonnante facilité avec laquelle l’Américain jongle entre ses différentes activités (groupe/label/famille) nous incite à croire que le temps n’a pas la même emprise sur Thurston Moore que sur n’importe quel humain lambda. D’autant plus que les projets et les sorties ont beau s’enchaîner, jamais l’homme ne semble dépassé par les événements.

De manière presque inévitable, on ne pourra s’empêcher de comparer voire de juger Trees Outside The Academy sur base de ce que l’on connaît de Moore via Sonic Youth. D’ailleurs, le constat est sans équivoque dès les premières secondes du disque : en solo, Thurston Moore évolue très loin des saturations noise de Sonic Youth sans pour autant perdre ce sens de la mélodie dissonante cher au groupe new-yorkais, dont le mythique Daydream Nation s’est offert une seconde jeunesse lors de la période estivale. Bien que le compagnon de Kim Gordon n’ait pas hésité à s’entourer pour ce Trees Outside The Academy (Jay Mascis de Dinosaur Jr., le batteur de SY Steve Shelley, Christina Carter de Charalambides,…), on retiendra tout particulièrement la personnalité d’une Samara Lubelski, dont le violon polit à merveille les contours parfois un rien rêches et abrupts des compositions de Thurston Moore. Et si le résultat risque de décevoir les plus irréductibles fans de Sonic Youth, on se félicitera, pour notre part, de la voie prise par l’Américain sur cet album. Loin de tomber dans la redite sans pour autant être novateur, Thurston Moore nous donne à voir ce que seraient les morceaux de Sonic Youth s’ils ne revêtaient pas leurs atours biscornus. Dès lors, on se retrouve avec 12 compositions acoustiques aux tendances folk et pop. Mais, ce serait sans compter sur le démon bruitiste qui sommeille au fond de Thurston Moore et qui vient rappeler à qui veut l’entendre que l’on est bien en présence d’une des fortes têtes, et ce depuis près de 30 ans, de l’underground américain. Ainsi, quelques envolées électriques viennent perturber le sentiment de quiétude que dégage cet opus.

Même si Thurston Moore approche inéluctablement de la cinquantaine, son état de forme laisse encore présager de grandes choses. Parvenant à convaincre dans des contrées qu’on ne lui connaissait pas forcément, comme sur ce Trees Outside The Academy, le guitariste pourrait dégoûter plus d’un de ses congénères tant il semble à l’aise dans ses accoutrements de songwriter. Que ceux qui doutaient donc du futur de Sonic Youth se voient rassurés, l’un de ses membres fondateurs est loin d’abdiquer. Pour peu, on dirait que ses meilleures années sont à venir…

Le goût des autres :
7 Julien L