Total Life Forever

Foals

Transgressive – 2010
par Jeff, le 10 mai 2010
7

La dernière fois qu'on a quitté Foals, nos cinq Anglais dans le vent arboraient des mèches parfaitement hype et avaient sorti un single remuant sur Kitsuné ("Hummer") avant de transformer l'essai sur un Antidotes qui explorait le côté dansant d'un genre plutôt connu pour sa cérébralité, le math-rock. Ecoulé par camions entiers, ce premier album salué par la critique a forcément généré des attentes énormes auprès de Yannis Philippakis et les siens. Et aussi pas mal de pression. A un point tel que pour accoucher du successeur de Antidotes, le groupe s'est exilé dans un studio perdu au beau milieu d'un parc industriel de Göteborg, en Suède.

Total Life Forever aujourd'hui dans les bacs, le groupe n'hésite plus à reconnaître que ces sessions d'enregistrement, particulièrement intenses, n'ont pas vraiment été une partie de plaisir. Et c'est certain que lorsqu'on repense au premier titre ayant filtré il y a quelques semaines, ces tensions et incertitudes apparaissent comme parfaitement logiques: « Spanish Sahara », avec plus de six minutes au compteur, prend ses distances avec la math-pop bankable des débuts et révèle un groupe qui a pris de la bouteille, des risques et des chemins tortueux, aux confins du post-rock et de la pop atmosphérique. Une réussite incontestable certes, mais aussi le fruit d'un accouchement difficile.

Désormais là où l'on ne les attendait pas, il ne restait plus à Foals qu'à nous montrer que l'effet de surprise initial pouvait également porter ses fruits sur un long format. Et sur Total Life Forever, la mission est en partie remplie. Certes, pour un groupe qu'on se limitait à comparer à Battles à ses débuts, les horizons se sont aujourd'hui élargis et on décèle ci et là du The Cure, du Radiohead et du Death Cab For Cutie. Ainsi, même si la formation a conservé cet amour du riff sec qui sert surtout à nous rappeler à qui l'on a affaire, elle laisse sa musique s'imprégner d'un spleen latent qui entraîne un ralentissement certain du rythme de croisière.

Finis donc les sprints effrénés qui les avaient propulsés sur les devants de la scène: aujourd'hui, les gars de Foals jouent les coureurs de fond et concourent sur de plus longues distances. Forcément, comme tout sportif s'essayant pour la première fois à ce genre de distances plus éprouvantes, les coups de mou et les fringales ne sont jamais bien loin et Total Life forever n'échappe pas à la règle. Aussi, mal maîtrisée et maladroitement mise en musique, la mélancolie de Yannis Philippakis peut parfois indifférer. Mais pris dans sa globalité, Total Life Forever reste un disque plein de bonnes idées et de promesses qui installe pour de bon Foals dans le constellation des groupes sur lesquels il faut désormais compter.

Le goût des autres :
6 Simon 7 Laurent 7 Amaury L 7 Maxime