TOGOBaN

Quadrupède

Black Basset Records – 2014
par Jeff, le 11 décembre 2014
9

L’intérêt même des sous-genres musicaux, c’est qu’ils peuvent se permettre d’évoluer en vase clos, en marge des modes ou des hypes. C’est d’ailleurs cette tendance au repli identitaire qui les pousse à végéter parfois longtemps dans un certain anonymat, pour le plus grand bonheur des fans qui traînent dans ces cercles d’initiés pour la sécurité et la quiétude médiatique qu’ils garantissent. Dans cette optique, la communauté math-rock fait son petit bout de chemin sans se préoccuper des autres, consciente du talent de ses forces vives et de l’amour que portent ses fans au genre. Evidemment, il y en a toujours pour aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte, pour tenter des expériences diverses et variées. Comment ne pas évoquer  les cas de Battles, qui ont repoussé les limites de l’expérimentation sur Warp, ou de Foals, dont les accointances avec des formats plus pop leur ont offert une notoriété immense. On peut ajouter dans cette catégorie de bidouilleurs géniaux les Manceaux de Quadrupède, qui font exploser quelques barrières avec leur premier album, qui débarque une grosse année après un premier EP bordélique et mal dégrossi. C’est d'ailleurs quand on écoute ce trois titres sorti en 2013 que l’on prend conscience du chemin parcouru par le duo français, qui nous balance à la tronche ce TOGOBaN d’une énergie dingue et d'une précision chirurgicale. Cet album de math-rock qui tire sa spécificité d’un mariage de raison avec l’electronica, il s’amuse à faire exploser les murs de la chapelle dans une ambiance fiévreuse, à démonte la guinguette pièce par pièce sans que personne ne pipe mot. En même temps, vu comment le duo français nous attrape par la gorge d’entrée de jeu, difficile d’ouvrir la gueule pour avoir quoi que ce soit à y redire. On devient alors la victime impuissante (mais on vous rassure, c’est plutôt plaisant) d’une tornade qui arrache tout sur son passage. Et comme toute bonne tornade qui se respecte, les dégâts sont maximums en un minimum de temps. C’est une évidence: les mecs de Quadrupède ne sont pas venus pour beurrer les sandwiches. Leur TOGOBaN, il ne passe même pas le cap de la demi-heure, et ne compte au final que quatre ‘vrais’ morceaux - les trois autres font plutôt office d’interludes. Mais on s'en bat plutôt les steaks, vu le dosage parfait des ingrédients et la qualité du produit fini. Gros taf donc.

Le goût des autres :
8 Yann