Toeachizown

Dâm-Funk

Stones Throw – 2009
par Soul Brotha, le 19 décembre 2009
8

Stones Throw, on le sait, n'a plus grand-chose d'un label hip hop. La maison de Peanut Butter Wolf avait pour têtes d'affiches Madlib, J Dilla, Guilty Simpson, Madvillain ou encore Percee P il y a encore ne serait-ce que deux ans mais aujourd'hui, place à l'éclectisme! Après le bazar psychédélique de James Pants et la retro soul de Mayer Hawthorne, c'est au tour de Dâm-Funk de nous faire découvrir sa spécialité: le boogie funk.vCa fait un moment qu'on on entend parler de ce DJ californien: entre ses podcasts hypnotiques pour le site de Stones Throw, quelques maxis brillants (Burgundy City avec le bouillant "Galactic Fun" par exemple dont on peut regretter l'absence sur cet album) et l'animation du Funkmosphère, club le plus funky de la Cité des Anges, on peut même dire que son premier essai était attendu de pied ferme par les nostalgiques de tout poil de la musique funk.

Sorti en premier lieu sous la forme d'une série de cinq EPs, Toeachizown est un copieux double CD. Trop copieux. 24 pistes, plus de deux heures de son, c'est vraiment trop imposant. Une sélection aurait été appréciable parce qu'avec un album aussi touffu, il est compliqué de voir émerger les morceaux les plus marquants, surtout quand les rythmiques et les arrangements varient peu. On ne sort jamais ou presque de la combinaison synthés 80's, boites à rythmes, voix suaves...

C'est vraiment dommage parce que Toeachizown contient de vrais grands moments comme le super classieux "One Less Day" ou "The Sky Is Ours" (nous permettant d'entendre la voix suave de Dâm-Funk) par exemple. Dans l'ensemble, les morceaux chantés sortent clairement du lot, ils incarnent cette musique d'un autre temps et sortent de l'espèce de torpeur qui s'installe dans les morceaux instrumentaux trop nombreux et assez répétitifs. Le son de l'album, en tous les cas, ravira les puristes. Nichés quelque part entre Prince, Parliament/Funkadelic et Kashif, les morceaux du DJ californien feront inévitablement esquisser quelques pas de danse à tous les nostalgiques du funk synthétique des années 80. C'est bouncy, sucré sans pour autant verser dans le putassier, une dérive malheureusement courante dans les dernières années de cette si belle musique.

Clairement, Dâm-Funk aurait dû élaguer le tracklisting de Toeachizown. 5 EPs compilés en un seul double CD, ça amène forcément du déchet et c'est bien dommage car ça torpille quelque peu l'intérêt global de l'album qu'il est impossible d'écouter intégralement d'une seule traite. Ceci dit, ne boudons pas notre plaisir, Toeachizown est tout de même un disque hypnotique, Dâm-FunK réussit son pari de ressusciter le boogie funk de brillante manière avec un talent qui ne se dément pas.

Le goût des autres :
7 Julien