This is PiL

Public Image Limited

Cargo records – 2012
par Laurent, le 14 juin 2012
8

Dès les premières notes de This is PiL, à savoir des renvois buccaux et un "This is PiL" par un fou à lier, on se dit "Tiens, on l’a relâché“. Qui? John Lydon bien sûr, ce gaillard de presque soixante piges à qui l’on doit les Sex Pistols et Public Image Limited. Désormais sans Jah Wobble (le bassiste légendaire) et sans Keith Levene (le guitariste tout aussi légendaire), notre provocateur engagé est de retour, ayant investi ses propres deniers dans l’aventure (avec une publicité pour du beurre notamment) et s'étant entouré d’excellents musiciens. Et la basse tonitruante de "Lolipop Opera" sur laquelle John Lydon nous sert ses vociférations de timbré de première classe sur une rythmique très drum and bass pose le décor de façon magistrale. Pour un vieux de la vieille, c’est rafraîchissant.

Doté d’une voix absolument géniale et d’un esprit "plus libre que ça tu meurs“, on pourrait le mettre dans le même sac que Brigitte Fontaine, l’âge en moins. Ou Nina Hagen. Mais ce ne serait pas faire honneur au bonhomme, qui a apporté bien plus au rock que les deux susnommées. On peut par contre aussi bien que pour elles se lamenter du fait que dans la caricature de la caricature, il ne fait pas non plus dans la dentelle. A la fin, pour ce genre de personnage, on ne sait plus très bien quelle est la part de comédie et quelle est la part de réalité tant il fait ce que l’on attend qu’il fasse. Bien souvent, la personne elle-même ne doit plus très bien savoir qui est qui en soi...

Musicalement et pour revenir à l’album, on apprécie les salves qui défilent surtout si on a connu les albums précédents comme le sommet du genre Metal Box ou Album (on apprécie toujours cette tendance à immortaliser les objets et à glorifier le surréalisme d’un Magritte). Des morceaux électro côtoient des titres plus enlevés (comme le très Primus "Human"), et on est bel et bien dans l’univers connu et reconnu de PIL, sans pour autant tomber dans le réchauffé. L’année des grands retours de groupes disparus des radars depuis belle lurette (Cranberries, The Stranglers, Garbage etc...) nous a donc gâtés (parfois dans tous les sens du terme...) et c'est avec beaucoup de joie qu'on retrouve PIL après 20 ans d’absence. Mais on se demande quand même comment les jeunes générations vont accueillir un album comme celui-ci. Car il faut bien reconnaître que ceux qui connaissent déjà ces vieux de la vieille sont déjà à moitié conquis : les bons souvenirs seront au rendez-vous, et le respect du personnage ouvrira la porte à l’indulgence. Pour les autres par contre, la question reste sans réponse. Pour conclure, on appréciera que John Lydon n’ait pas fait un retour pour le retour, ou pour son compte en banque. Le mec s'est donné du mal en nous offrant un album qui mérite tout le respect, même d’un bleu.