This Fool Can Die Now

Scout Niblett

Too Pure – 2007
par Jeff, le 20 novembre 2007
8

Depuis ses débuts, Emma Louise Niblett aka Scout Niblett attire les comparaisons flatteuses et souvent justifiées avec Cat Power et PJ Harvey pour ses interprétations poignantes et habitées de titres sombres et dépouillés. Depuis ses débuts, Scout Niblett est également la cible des critiques en raison d’albums souvent trop inconstants qui enchaînent titres touchés par la grâce et morceaux bancals. Pour ce quatrième album, rien ne semble avoir véritablement changé dans le modus operandi de la chanteuse de Portsmouth qui s’est une fois de plus entourée de Steve Albini pour donner à This Fool Can Die Now ce son simple et efficace qui est l’une des marques de fabrique du guitariste et chanteur de Shellac.

Toutefois, si le prédécesseur de ce nouvel opus (Kidnapped By Neptune) était particulièrement rugueux et ostensiblement marqué par les influences grunge de Scout Niblett, This Fool Can Die Now voit la chanteuse retourner vers des terrains de jeux plus tranquilles. Ce phénomène, on peut notamment l’attribuer à sa collaboration réussie avec Will Oldham. En effet, sur quatre titres (dont deux reprises, une de Lionel Newman et une autre de Van Morrison), l’artiste également connu sous le pseudonyme de Bonnie ‘Prince’ Billy vient prêter main forte à Scout Niblett et nous prouve qu'il n'a rien perdu de son talent malgré de récentes productions plutôt décevantes. Sur ces quatre duos, le binôme Oldham/Niblett montre sa complémentarité et accouche de petits bijoux de folk paisible qui nous font inévitablement dire que ces deux-là devraient plus souvent faire concorder leurs agendas respectifs. Mais cela ne veut pas forcément dire que sans ce barde barbu de Oldham, la fragile Scout se retrouve désemparée. La jeune demoiselle nous a par le passé montré de quel bois elle se chauffait et à de nombreuses reprises, elle fait honneur à son statut sur This Fool Can Die Now en passant sans le moindre avertissement d'un rock rageur aux riffs pesants à des écrins folk intimistes – voire en mélangeant les deux comme sur le prenant « Nevada ».

Mais comme je l'ai déjà mentionné précédemment, un album de Scout Niblett est inévitablement parsemé de vignettes dont la qualité laisse fortement à désirer et This Fool Can Die Now ne déroge pas à la règle. Mais la donzelle en étant à son quatrième album, ses nombreux fans se sont plus que probablement résignés à séparer le bon grain de l'ivraie pour profiter pleinement de cette superbe écriture à fleur de peau. Quant à ceux qui voudraient découvrir la chanteuse, que la perspective d'investir dans un disque comptant quelques passages à vide ne les décourage pas car les excellents moments valent particulièrement le détour.

Le goût des autres :
8 Adrien