Think Ringo

Showstar

Vespasonic – 2010
par Jeff, le 11 mars 2010
7

Cher lecteur majoritairement français (dixit Google Analytics) qui ne connait que peu le microcosme du rock wallon, il est fort probable que le nom de Showstar agite autant tes connexions neuronales que le Carnaval de Binche, les boulettes liégeoises ou Dirk Frimout. Pourtant, malgré ses airs de formation fraîche émoulue, le groupe de Huy a déjà pas mal roulé sa bosse, avec déjà deux albums et trois EP au compteur, des singles bien suivis par les radios (le très chouette « Little Bastard ») et des concerts en pagaille dans toutes les salles et festivals que comptent Bruxelles et la Wallonie.

Mais c'est justement à vouloir persévérer sans jamais véritablement percer et à écumer la moindre foire aux boudins subventionnée par les pouvoir publics que le groupe a fait l'objet d'invectives de la part de (pseudo) journaleux qui ont fait de la critique aussi facile que bête et méchante leur passe-temps favori. Mais les gars de Showstar, malgré les nombreux changements de line-up, ont tenu bon là où d'autres auraient déjà cédé face à une telle mauvaise foi crasse – d'autant plus remarquable que tandis que les carrières de Ghinzu, Sharko ou des Girls in Hawaii décollaient, celle de Showstar stagnaient misérablement.

Mais voilà que Showstar est de retour et le moins que l'on puisse dire, c'est que le groupe a bien fait de persévérer puisqu'il débarque en ce début d'année 2010 avec un album solide et joliment ficelé. Les mauvaises langues pourraient dire que si la surprise est aussi bonne, c'est parce que le groupe nous avait un peu trop habitué à une pop de seconde zone juste bonne à servir de musique de fond. Avant toute chose, on leur demandera évidemment de bien vouloir fermer leur gueule. Et on poursuivra en rétorquant que le groupe a certes eu tendance à être parfois comparé à la troisième merveille du monde par une presse complaisante  alors qu'il produisait un rock au mieux sympathique, mais qu'il semble être aujourd'hui arrivé à maturité et que le moment est venu de ressortir les superlatifs qui étaient trop souvent utilisés à tort.

Parce que oui, ce Think Ringo a une gueule pas possible et regorge de chansons excellentes, énergiques à souhait et capables de rivaliser avec quelques groupes de la scène indie britannique qui ont fait les beaux jours du NME et du Melody Maker dans les années 90 (Supergrass, Six By Seven, Echo & The Bunnymen, Elastica et on en passe). Le dossier de presse nous parle du groupe comme d'"artisans", et on ne peut que lui donner raison. On sent sur ces nouvelles compositions du groupe hutois une évident envie de bien faire combinée à un soin du détail qui fait plaisir à entendre. Et pour couronner le tout, le groupe peut se targuer sur Think Ringo d'avoir engagé un producteur capable de donner à ses compositions toute l'ampleur  qu'elles méritent. Ce metteur en son de talent, il s'appelle Gareth Parton. Son nom ne vous dit peut-être rien mais son tableau de chasse a de quoi impressionner: The Go! Team, The Futureheads, The Pipettes, Foals, The Breeders ou The Beta Band ont tous fait appel à ses talents de producteur à un moment donné de leur carrière. Certes, Showstar n'a pas la renommée ou le poids des groupes susmentionnées, mais il ne fait aucun doute que la prédisposition de Showstar à nous torcher du single potentiel l'a rapidement convaincu qu'une production digne de ce nom permettrait au groupe de se faire une belle petite place au soleil.

Faut-il vraiment vous faire un dessin? Think Ringo sera clairement une agréable surprise pour les nombreux fans de rock wallon qui avaient définitivement condamné le groupe et une belle découverte pour les nostalgiques qui ont envie d'embarquer dans une machine à remonter le temps et revivre cette belle époque où Damon Albarn avait pour muse Justine Frischmann et où les frères Gallagher étaient déjà de vrais trous de balles, mais des trous de balle capables de torcher des hymnes planétaires. Showstar eux, n'ont certainement pas la prétention d'atteindre les sommets foulés par leurs illustres modèles, mais pour la première foire de leur carrière, ils semblent un peu s'en approcher. Et rien que cela, ça mérite déjà tout notre respect.

Le goût des autres :
4 Julien Gas