They!Live

Benjamin Damage & Doc Daneeka

50 Weapons – 2012
par Simon, le 17 février 2012
8

Certaines chose ne s’expliquent pas, et notamment le fait que ce premier album collaboratif de Benjamin Damage & Doc Daneeka on le sentait bien. Drôlement bien même. Ce carton potentiel ne sort pas de nul part, et notre intuition n’est certainement pas étrangère à ce premier EP en forme de KO physique. C’est peut-être parce que « Creeper » et « Infamous » étaient si bien léchés, tellement décalés et pourtant bel et bien phase avec la scène uk funky, qu’on a finalement décidé d’y croire, en ce premier album. L’autre donnée qui nous amène à mettre un penny sur la tête des deux Anglais, c’est le label sur lequel ils posent. Parce que finalement, 50 Weapons c’est un peu le label qui déblaie tout sur son passage ; qui, à l’instar de Night Slugs, a superbement amené le uk funky a un si haut degré de reconnaissance – pas difficile me direz-vous quand on a dans sa structure des gars comme Anstam, FaltyDL, Cosmin TRG, Phon.O ou Addison Groove. En gros, 50 Weapons c’est la meilleure idée qu’aient eu les deux de Modeselektor depuis bien des années. Enfin, ce They !Live on l’attendait avec impatience, et une fois devant on se dit qu’on avait bien raison.

Neuf titres pour une quarantaine de minutes, ce premier disque est d’une durée idéale. Pour autant qu’il soit bien réalisé. Avant même de parler musique, ce format est tout simplement un régal: chaque titre est une histoire en soi, et jamais l’auditeur ne sent qu’on essaie de le prendre pour un pigeon avec des ambiances à rallonge. They !Live a donc cette qualité de savoir ce qu’il veut, l’auditeur est pris par la main pour un trip d’une justesse folle. Parce qu’à l’intérieur, c’est tout aussi beau. En fait, si on aime tant ce duo originaire de Swansea, c’est pour son intelligence de composition et sa capacité à suivre les codes du uk funky tout en demeurant une entité repérable à des lieues.

Benjamin Damage et Doc Daneeka alternent formidablement bien les coups de sang à vous péter les lombaires et les tracks plus introspectives. La ligne est clairement uk funky, avec ses rythmiques percussives, ses tentations soca et africanisantes. Le style est en béton, et le duo revendique son passé uk bass music. Mais They !Live c’est également de la pulsation techno à vous gicler un sismographe – on pense d’ailleurs souvent à leur collègue Cosmin TRG - et une chaleur house qu’on peine parfois à voir aussi bien retranscrite dans ce genre musical. Après, il suffit d’aller chercher une minette à voix de velours – cette Abigail Wyles nous fait d’ailleurs drôlement penser à Laura Gibson - et partant de là, on peut se permettre de faire des tubes à base de folk, sur des percussions qui déflorent en douceur. Alors on a beau multiplier sans cesse les écoutes de ce They !Live, on y trouve toujours ce disque lumineux et diaboliquement composé. Pas de plan promo dévastateur, seulement un très gros disque de uk funky que vous vous devez d’écouter. Mine de rien, on tient là une des premières grosses bombes électroniques de 2012.

Le goût des autres :