There's No Leaving Now

The Tallest Man On Earth

Dead Oceans – 2012
par Jeff, le 15 juin 2012
9

On a tous des genres musicaux au sujet desquels on aime écrire avec passion, des disques qui, en quelques écoutes seulement, déclenchent une logorrhée bourrée d’arguments tous plus flamboyants les uns que les autres. Et puis il y a en d’autres au sujet desquels on aimerait tant pouvoir convaincre le lecteur curieux avec élégance mais qui débouchent à chaque fois sur un paragraphe indigent ne reflétant en rien l’expérience cathartique vécue l’espace de quelques dizaines de minutes passées en apesanteur.

J’ai personnellement ce problème avec le folk. Parce que soyons de bon compte, merde. Quand un barbu à fleur de peau entreprend de nous faire vibrer avec pour arme sa seule guitare, il est bien compliqué de se laisser aller à de longues tirades dopées à la dithyrambe. Surtout si celui-ci est coutumier du fait. Là c’est carrément le pompon doublé d’une pénitence.

Mais il est des occasions où le disque est d’une beauté tellement évidente qu’on s’en voudrait de ne pas vous en faire profiter. Quitte à faire bref. Parce qu’il est des disques qui ne souffrent pas la chronique ou la critique. Et ceux de The Tallest Man On Earth en font partie. C’est bien simple: avec There’s No Leaving Now, Kristian Matsson reprend les choses là où ils les avaient laissées sur l’impeccable crève-cœur The Wild Hunt. Surtout que ce nouvel album, comme son grand frère, compte dix pistes pour un peu moins de quarante minutes de folk rustique qui évoquent autant Bob Dylan que Nick Drake. Et flaire bon le copier/coller qui ne gêne nullement. Pour le reste, que vous soyez en terrain connu ou pas, le résultat sera le même : comme une envie d’avoir envie de chialer comme un gamin, comme un besoin irrépressible de hurler au passéisme pour vite se raviser devant tant de beauté et de se prosterner devant ce songwriter qui n’emprunte pas de chemins de traverse.

Parce que voilà, avec son fingerpicking délicat, ses mélodies tantôt galopantes tantôt traînantes, ses incursions dans le monde du blues ou de la country et sa volonté de nous foutre la chair de poule de bout en bout, There’s No Leaving Now se pose comme l’un des disques les plus poignants de 2012. Tout simplement. Et oui, Kristian Matsson est grand. Mais avec un patronyme comme le sien, on s’en doutait un peu.

Le goût des autres :
6 Amaury L