The Stars Are Indifferent To Astronomy

Nada Surf

City Slang  – 2012
par Michael, le 29 février 2012
6

Il est intéressant d'étudier le "cas Nada Surf". En effet, il n'y avait pas grand monde pour donner cher de leur peau à leurs débuts et le succès fulgurant de ce qui aurait pu rester un one hit wonder enchaîné à jamais à son tube "Popular" et relégué aux best-of's ou compils de fin de mariage pour trentenaires en mal de nostalgie, du style "le son pop-rock des années 90 avec RTL2". Pourtant, malgré un album encore bancal, on pouvait déjà pressentir une aptitude certaine pour un songwriting et un sens de la mélodie gracile et douce-amère. La grande force du groupe aura été de se forger dès le départ une solide base de fans et une réputation scénique à force de tournées sans fin où la générosité et l'honnêteté du trio forçaient le respect. Ceux qui auront récemment pu voir le groupe en concert pourront témoigner de cette honnêteté et de cette générosité encore intactes. 

L'autre grande force du trio aura été de s'imposer dès son deuxième album au destin maudit (The Proximity Effect, retiré de la vente par un label qui n'y entendait aucun tube) comme un des meilleurs jeunes poulains de l'indie rock made in USA. Statut confirmé avec Let Go, et son succès critique unanime. Il en sera dès lors de Nada Surf comme du martyr tardivement canonisé ou de l'outsider de deuxième division parvenant en finale de la Coupe de la Ligue, à savoir un groupe inattaquable, car ayant vaincu à mains nues les professionnels de l'industrie du disque à l'époque où celle-ci était encore toute-puissante. Cherchez bien: vous ne trouverez pas de mauvaise critique d'un album de Nada Surf post Let Go. Sans doute à raison, en tous cas jusqu'à ce jour. En effet The Wight Is A Gift avait un côté solaire mélancolique qui poursuivait sur la lancée de Let Go, tandis que Lucky surprenait par sa noirceur et sa maturité mélodique assumée. On passera sur If I Had A Hi-Fi, album de reprises sympathique mais anecdotique.

Il est toutefois clairement visible à l'écoute de The Stars Are Indifferent To Astronomy, que le groupe a malheureusement atteint le stade du point de côté. Trop d'efforts, une volonté intacte mais un essoufflement inévitable. Car du souffle dans cet album il n'y a en a malheureusement pas beaucoup. Malgré une volonté toute naturelle de renouer avec la power pop des débuts après des albums plus calmes, et d'être finalement plus représentatif de ce que le groupe est capable de délivrer comme énergie sur scène, le résultat se révèle peu probant et trop forcé. Tous ces titres uptempo qui s'enchaînent patinent pour la plupart sans toucher la grâce à laquelle le groupe nous avait habitué si l'on excepte les deux titres d'ouverture "Clear Eye Clouded Mind", et "Waiting For Something". Les morceaux finalement les plus convaincants sont les plus calmes, à savoir l'épique "When I Was Young" au titre explicite sur une certaine lucidité apportée par l'expérience, et la byrdesque ballade "Jules and Jim" initialement composée (mais refusée) pour Twilight 2 sur la thématique du trio amoureux. On ne trouve pas ici la perfection de The Proximity Effect, la douce mélancolie de Let Go ou la surprenante noirceur de Lucky. On se dit que c'est dommage car Nada Surf est le genre de groupe que l'on aime aimer et on espère vivement que les trois new yorkais sauront dignement relever le niveau la prochaine fois.

Le goût des autres :
6 Laurent