The Runner

Lalalover

[PIAS] Belgium – 2008
par Julien, le 11 décembre 2008
7

Lalalover – quel nom ! – a pendant un temps fait partie du groupe belge Das Pop. Ces derniers, compatriotes et grands amis de Soulwax, parrainés par eux-mêmes, qui plus est dans un style identique, sont un peu l'archétype du groupe à l'intérêt très limité, placé sur le devant de la scène en seule et unique vertu de la mode du rock-frites. Tom Kestens quitta Das Pop très peu après son l'explosion médiatique. Peut-être conscient du vecteur opportuniste qui entraînait son groupe, il se consacra dès lors à des projets divers, auxquels il croyait vraisemblablement plus, et qui avaient tous en commun de ne pas faire rouler sur l'or : bandes originales de films courts, mise en scène sonore de pièces de théâtre, premier album confidentiel en dehors des modes (Heliotropic).

The Runner, deuxième disque solo dans les bacs, ne semble toujours pas des plus vendeurs : il s'agit d'un disque de pop-soul intimiste, au charme désuet et long en bouche. Loin de l'électro-rock de son groupe d'origine, Lalalover développe là son amour pour la ballade propre et gorgée de soul. Qu'on se mette tout de suite au clair : ça ne soutient en rien la comparaison avec Prince ou Jamiroquai, pas plus qu'avec son contemporain Jamie Lidell. On sait dès les premières secondes que l'on est face à une œuvre mineure, sans vraie signature, où tout manque de relief et d'aspérité. Tom Kestens, malgré tous ses désirs, reste et restera un songwriter pop un peu académique – en atteste le morceau d'ouverture, « A Woman Saves a Man », tentative maladroite de produire un hymne FM. Pourtant, si l'on ne possède pas de notre côté des attentes démesurées, on a de fortes chances de s'attacher rapidement à ce disque modeste et indéniablement sincère. Avec les moyens du bord, beaucoup de mélodies arrivent à toucher juste – en plein cœur comme on dit. « Candy Song », « The Runner », « Rebel Blood » et « Step Out the Dark » pourraient faire pleurer dans pas mal de chaumières. Ces chansons perméables, toutes entières ouvertes au partage, laissent une tendre impression de proximité.

Vous savez, ces fameux disques qu'on aime comme des amis, d'une façon inexplicable et irrationnelle, bien au-delà de la qualité intrinsèque du produit ; eh bien il semblerait que The Runner en ait les caractéristiques : un album très facultatif, pas très démonstratif, mais qui ne manquera pas de faire gronder l'affectif de quelques âmes esseulées.