The Pursuit

Jamie Cullum

Decca – 2009
par Soul Brotha, le 21 novembre 2009
6

Même si l'étiquette un peu pompeuse de "dernier génie du jazz" est bien trop grande pour lui, Jamie Cullum est un auteur/compositeur/interprète fichtrement doué. A peine trente ans et déjà à son quatrième album, ce petit mec est ultra productif. Il avait laissé le public sur une touche franchement pop avec Catching Tales en 2005, brouillant quelque peu les cartes dans une carrière menée tambour battant.

Ces quatre dernières années, Jamie a voulu faire un break. Il a conçu une compilation regroupant ses multiples influences, In The Mind Of... (2007) faisant cohabiter les Clipse, Laurent Garnier ou encore Charles Mingus sur une même galette, symbolisant l'éclectisme du bonhomme. Il est aussi à l'origine du magnifique thème de Gran Torino, le film de Clint Eastwood. Bref, Jamie Cullum n'a, malgré tout, pas chomé.

La question majeure qui se pose avant l'écoute de The Pursuit, c'est de savoir si une synthèse est faite ici entre jazz et pop. La réponse saute aux yeux, c'est non. En effet, ce disque a ceci d'étrange qu'il est presque coupé en deux. En effet, on retrouve à la fois des morceaux ultra jazzy à la Twentysomething comme par exemple l'excellent "Just One Of Those Thigs" ou encore la reprise du "Don't Stop The Music" de Rihanna (succédant à "Frontin'" ou "Wind Cries Mary" dans la manie de l'Anglais à tenter des covers incongrues) et d'autres carrément pop tels "Wheels", "Mixtape" ou encore "We Run Things".
Chacun trouvera midi à sa porte mais, objectivement, on peut rester songeur sur une telle polarisation de l'album. La partie pop s'avère certes maitrisée mais néanmoins bien moins intéressante que les morceaux de jazz. Il est évident que Jamie Cullum est plus à son avantage quand il fait l'andouille avec son piano que quand il chante sur des mélodies assez banales.

Le chanteur anglais a beau faire exploser un piano sur sa pochette, il n'en reste pas moins un artiste de jazz quoi qu'on en dise. Certes, ses envolées pop sont parfois intéressantes mais c'est encore dans le registre de ses débuts qu'il s'avère le plus pertinent. Dans cette optique, The Pursuit, disque tiraillé entre deux directions diamétralement opposées, ne s'avère qu'à moitié intéressant. Bref, le succès (ne serait-ce qu'artistique) de Jamie Cullum passera soit par une synthèse de sa musique soit par une direction artistique définitive d'un coté ou de l'autre.

Le goût des autres :
4 Julien Gas 8 Laurent