The Light In You

Mercury Rev

Bella Union – 2015
par Maxime, le 4 novembre 2015
6

Les New-Yorkais de Mercury Rev ne sont pas des nouveaux venus sur la scène indie. Pourtant malgré une discographie plutôt bien fournie (huit albums à ce jour), ils n’ont touché qu’une seule fois le point d’équilibre parfait, le pinacle d’une dream-pop dont on pensait alors qu’elle s’offrirait sans retenue à eux. C’était en 1998 avec Deserter’s Songs, et malheureusement les disques suivants n’ont jamais vu le groupe renouveler cette performance. Oscillant entre grandiloquence et anecdotique, All Is Dream, The Secret Migration et Snowflake Midnight n’ont pas souvent quitté nos étagères, malgré quelques titres réussis.

En faisant le parallèle avec le 7ème art, on pourrait comparer le parcours de Mercury Rev à celui de Tim Burton, dont les univers ont pas mal de points communs. Des débuts indépendants un peu rêches (le bruitiste Yerself Is Steam pour les uns, le fantasque Beetlejuice pour l’autre), suivis de sommets de poésie (Deserter’s Songs, sorte de Edward aux mains d'argent de la pop) et d'un basculement dans les abysses de boursoufflure (que celui qui a vu Dark Shadows se dénonce, on l’attend à la rédaction avec des cailloux).

Contrairement au cinéaste cependant, le groupe a pris le temps d’une absence inédite, sept ans depuis sa dernière sortie. Et si avant d’écouter The Light In You on a du mal à imaginer qu’il va de nouveau tutoyer les cimes, nous avons été intrigué par une presse étrangement bonne. On se souvient que "Holes" et "The Dark Is Rising", deux des plus beaux morceaux de Mercury Rev (si ce n’est les plus beaux) sont tous deux placés en ouverture des albums dont ils font partie. Autant dire que la première écoute de la première piste est importante pour nous donner le ton de cette nouvelle livraison. Et surprise, "The Queen of Swans" est une composition bien troussée qui renoue avec les meilleures choses produites par la formation de la Big Apple.

Cette première pièce introduit une succession de chansons un peu fragiles, très mélodiques, et qui ont le bon goût de ne pas tomber dans l'emphase. Bien sûr on conseille à tous les allergiques aux chœurs, aux couches de bois et de cordes et aux petites clochettes de passer leur chemin. L'émotion reste cependant plus contenue qu’à la "grande" époque et le groupe, peut-être à la recherche d’une notoriété perdue après avoir passé du temps sur la route à rejouer son unique chef-d’œuvre, a réussi à retrouver la formule pour écrire ses pop songs joliment orchestrées, parmi lesquelles on retiendra en particulier "Amelie" ou en encore "Central Park East".

Malgré de très bons moments donc, il est quand même difficile d’être complément séduit par The Light In You. Question d’époque ? De déjà-vu ? On aimerait ressentir le même frisson qui nous a saisi à la toute première écoute de "Holes", et qui inlassablement revient à chaque fois que la scie musicale de ce classique retentit. On en est loin, le disque souffrant d’une fin dispensable sur laquelle cuivres et arrangements sont malheureusement un peu trop lâchés. Néanmoins ce nouvel effort reste largement écoutable. On se prend même à rêver qu’un jour prochain Tim Burton refasse un bon film, c’est dire.