The Chase

Brisa Roché

Blue Note – 2005
par Splinter, le 8 décembre 2005
9

Ce n’est pas tous les jours que l'on chronique un album paru sur le label Blue Note. Fondée dans les années 1950, cette honorable maison de disques est depuis toujours spécialisée dans le jazz, avec des artistes bien connus comme Louis Armstrong, Duke Ellington, ou, plus récemment, Norah Jones. En somme, de vraies pointures en la matière. Et c’est donc sans trop de surprise que l’on constate que Brisa Roché, 31 ans, a collaboré sur cet album avec, entre autres, Eric Truffaz. Mais attention, il serait très réducteur de ne voir en Brisa Roché qu’une artiste jazzy. A vrai dire, cette étiquette, que la belle Américaine arbore malgré elle du fait de la réputation de son label, ne lui va pas du tout ! The Chase, son premier album, chasse en effet sur des territoires bien plus vastes que le seul jazz.

Qu’on en juge plutôt : rock plutôt orienté sixties ("Airplane", "Dial Me Up"), chanson française ("Dans le Vert de ses Yeux", "Coco"), pseudo comptine ("Warned"), tango ("Billionaire"), pop ("Little Robot"), folk ("Torchlight"), classique ("Intermission 1"), electro ("At the Shore")… chacun des 18 titres de cet album n’a en fait que deux dénominateurs communs : la voix extraordinaire et sucrée de Brisa, et l’excellence des compositions et des arrangements. Ce patchwork de styles peut désarçonner les esprits chagrins qui aiment bien ranger les gens dans des cases. En tout état de cause, il séduit immédiatement et durablement par sa spontanéité, sa légèreté, la qualité des mélodies, et, bien entendu, par le charme vénéneux de Brisa Roché (lointaine cousine de Björk physiquement parlant).

Ainsi, un peu à la manière d’Emilie Simon, à laquelle on pense un peu (beaucoup pour ce qui me concerne, mais bon), dans des genres toutefois différents, Brisa Roché tente et expérimente avec brio en se réappropriant les genres préétablis. Au final, le risque d’une œuvre impersonnelle a été largement évité, et c’est bien l’un des meilleurs albums de l’année 2005 qui s’offre à nos oreilles, pour notre plus grand plaisir. Une surprise autant qu’une réussite.

Le goût des autres :
6 Nicolas