The Beatific Visions

Brakes

Rough Trade – 2007
par Jeff, le 2 février 2007
7

Lorsque le remuant Give Blood est sorti en 2005, d'aucuns pensaient que l'aventure Brakes - initiée par des membres de British Sea Power, The Electric Soft Parade et Tenderfoot - ne ferait pas long feu. Au mieux, on tablait sur un léger buzz dû aux origines du groupe, quelques articles encourageants ci et là, une tournée marathon l'été suivant histoire de prendre du bon temps. Mais c'était sans compter sur le succès inattendu rencontré par le disque auprès de la presse et du public. Face à un tel engouement, il eut dès lors été regrettable d'arrêter cette échappée belle en si bon chemin. Deux années se sont aujourd'hui écoulées depuis la parution de Give Blood, mais le temps ne semble avoir en rien entamé la motivation de cette bande de joyeux drilles adeptes d'un genre pour le moins singulier, le country-punk.

Pour ce nouvel album, le groupe s'est payé le luxe d'aller squatter un studio à Memphis, berceau de cette country à laquelle la musique de Brakes doit tant, et de se faire produire par Stuart Sikes, qui n'est autre que l'homme qui a supervisé l'enregistrement du superbe The Greatest de Cat Power. Toutefois, il n'est point question ici d'une musique policée et cuivrée sur The Beatific Visions mais plutôt de titres courts - on ne dépasse les trois minutes qu'à deux reprises - et survitaminés qui donnent souvent l'impression que cette geignasse de Connor Oberst a été prendre quelques cours chez le Frank Black de la grande époque. Cela donne un chanteur à timbre de voix imprévisible et onze titres directs et concis qui dévoilent un sens de la mélodie assez imparable dans le chef des Anglais. Mais ce deuxième album a beau transpirer l'urgence et la spontanéité par tous les pores, c'est probablement lorsque le groupe rétrograde de quelques rapports histoire de nous laisser admirer le paysage qu'il séduit le plus. La ballade country « If I Should Die Tonight » ou le dépouillé « Isabel » en témoignent: le groupe n'est pas obligé de se réfugier derrière des assauts punk ou power pop comme « Porcupine or Pineapple » ou « Spring Chicken » pour remporter la mise.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Les gars de Brakes aiment peut-être manger à de nombreux râteliers, cela n'empêche pas leur second album d'afficher une cohérence à toute épreuve. Notre quatre Anglais semblent d'ailleurs insuffler tellement d'énergie et de conviction dans ce projet qu'on en viendrait à se demander si ces formations qu'ils considéraient il y a peu comme une activité principale ne se verraient pas relégués au second plan pour une durée indéterminée. Vu les excellentes dispositions affichées sur The Beatific Visions, cela semble être une excellente idée.

Le goût des autres :
7 Popop