The Art Of Fiction

Jeremy Warmsley

Ryko – 2007
par Nicolas, le 9 septembre 2007
7

Du haut de ses 24 printemps, Jeremy Warmsley n’a rien de très imposant. Bien au contraire, son physique plutôt frêle ainsi que ses lunettes le feraient plutôt passer pour un de ces nerds comme on en rencontre très régulièrement. Mais au-delà de son apparence plutôt banale, ce jeune Franco-anglais est considéré par beaucoup comme un génie sur seule base de son ambitieux premier album, The Art Of Fiction. Mais s’il s’agit d’un prodige, ce dernier ne vit pas en dehors de son époque, étant donné l’importance qu’il accorde à son ordinateur.

Ayant débuté la musique comme la plupart des jeunes, c’est-à-dire en malmenant une guitare avec des morceaux tantôt rock tantôt folk, Jeremy Warmsley se rend très vite compte de la nécessité d’associer ses aspirations organiques à quelques triturations électroniques. Après des années passées à expérimenter ses compositions dans sa chambre, ce jeune songwriter basé à Londres a donc sorti un premier album fort audacieux qui lui vaut d’être comparé aujourd’hui à Neil Hannon de The Divine Comedy ou à Rufus Wainwright. Et si Jeremy Warmsley n’a donc aucun mal à se détourner des instrumentations classiques, sa pop chatoyante aux arrangements orfévrés n’en est pas autant moins riche que celle de ses aînés. Bien que narrées à la troisième personne, les 11 plages de The Art Of Fiction ne sont pas tout à fait étrangères au passé d’un jeune homme, que l’on devine à la fois rêveur et terriblement intellectuel. Toutefois, au sortir de l’album, le seul bémol que l’on puise émettre à propos The Art Of Fiction réside dans cette tendance à s’engouffrer, pieds et poings liés, dans les nappes électroniques. Alors qu’au départ ces dernières donnaient une certaine cohérence à l’ensemble, elles en arrivent à noyer le talent de Jeremy Warmsley sur la deuxième moitié de la galette. Doit-on cette légère baisse de rythme à un esprit créatif qui s’essouffle ou à un manque de lucidité au moment de boucler The Art Of Fiction ? La question est posée, à Jeremy Warmsley d’y apporter la réponse sur un deuxième album que l’on attend déjà de pied ferme.

Au bout du compte, Jeremy Warmsley réalise donc un premier album qui laisse entrevoir de belles choses. Bien que l’on adhère davantage à ses compositions quand elles se font plus acoustiques, on ne manquera pas de souligner que ce Franco-britannique est pétri de talent. D’ailleurs, nous ne pourrions que lui conseiller de laisser tomber ces innombrables futilités électroniques pour mieux laisser la classe naturelle de ses compositions s’exprimer. On le répète, on est impatient de voir la suite…