Take To The Skies

Enter Shikari

Ambush Reality – 2007
par Simon, le 7 juin 2007
4

Leur nom avait tout de japonais, leur concept aussi (il fallait déjà être bien barré pour imaginer la création d’une telle entreprise musicale), mais il n’en est rien, la nouvelle révélation rock nous vient tout droit de Grande-Bretagne avec la louable intention de se distancer du créneau, maintenant connu, de cette britpop assassine dont on ne peut apparemment se défaire depuis quelques années. Pour leur premier album, Enter Shikari confirme leur volonté d’aller voir en dehors des sentiers battus, explorant pour ce faire les joyeuses connections à établir entre la musique trance et le métal hardcore (je vous promets, ce n’est pas une farce). Rien de moins stable comme projet me direz-vous, et vous avez raison car le résultat n’est pas du tout à la hauteur de la singularité du projet.

L’album s’ouvre ainsi sur une doucereuse intro trancey relativement banale, chiante de surcroît pour laisser place à un premier titre joliment introduit par quelques élucubrations vocales d’envergure moyenne suivies par des gros riffs bien conformes pour le coup à ce qui se fait de mieux en hardcore, le style en moins. L’alternance chant clair/chant hurlé est profondément ennuyante, on croirait entendre ce bon vieux Kémar nous refaisant ses pitoyables démonstrations vocales lors de leur passage vers un rock de jeunettes (quoique Pleymo fut-il un jour bon ?), telle est la dure loi de l’émo-core. Les chœurs sont repris avec timidité, parvenant difficilement à soutenir une voix qui manquera souvent de tonus pour réellement surprendre. Les titres passant, on peine toujours à croire à l’étincelle qui pourra sauver cet album d’une médiocrité se faisant de plus en plus grandissante autour d’un groupe qui avait pourtant tout les atouts dans son jeu pour réussir, ne serait-ce qu’un instant, à plaire. On peut aussi s’interroger sur l’opportunité des airs de musique trance flottant partout autour de ces gros riffs bien gras, gangrénant encore un peu plus un hardcore malade, en manque de sensations, aboutissant tout au plus à des résultats proches d’un métal symphonique de bas étage ; on se rendra vite compte qu’elles feront plus office de palliatif aux carences structurelles manifestes de leurs compositions. « Return To Energizer » commençait bien pour le coup, une bonne ambiance punk en parfait accord avec des riffs lourds, le tout porté au plus haut avec un chant braillé, mais à peine le temps de me le faire remarquer que je me retrouve embarqué dans un break gentillet répété depuis maintenant neuf titres qui pèche par son manque d’efficacité (le plus classique des hardcores new-yorkais semble faire office de sommet en terme d’originalité à la comparaison). « Sorry you’re Not a Winner » s’extirpe de la fange pour un résultat honnête, avec une batterie qui blaste en fin de titre (que les minettes se rassurent ce n’est pas Napalm Death non plus), on était en droit d’en attendre un peu plus tout de même. Au final, un constat alarmant se dégage de cette œuvre plus que mitigée : Enter Shikari réduit les éléments qui le composent à l’état de simples clichés tout en les simplifiant de manière extrême afin de pouvoir plaire au plus grand nombre, une démarche excessivement pop pour une musique aux antipodes de ses fondements. C’est triste.

Le diagnostic du médecin était clair : « surestimation de l’œuvre en présence suivie d’une virulente déception provoquant une poussée réactive d’urticaires ». Traitement indiqué : « du Sick Of It All 500 milligrammes en gélules combinées avec une perfusion de Walls Of Jericho de préférence type A Trigger Full Of Promises. Il était temps ».

Le goût des autres :