Switzerland

Electric Six

Metropolitan Records – 2006
par Splinter, le 20 octobre 2006
6

Si vous avez plus de trois ans et que vous lisez régulièrement nos colonnes, vous vous souvenez nécessairement de l’été 2003 et de la température qui sévissait à cette époque. Eh oui, rappelez-vous, juillet et août 2003 furent deux mois particulièrement chauds, à cause de la canicule, évidemment, mais aussi particulièrement hot, grâce au Fire d’Electric Six. Ce premier album d’un sombre combo en provenance de Detroit avait en effet réussi à allumer les esprits, et pas seulement les esprits d’ailleurs, par des poses suggestives, des bars à tendance homosexuelle et des photos de ta mère à poil. Quel souvenir ! Encore aujourd’hui, ce rock grassouillet amuse, étonne et emballe. C’était il y a trois ans déjà.

Depuis, Electric Six a produit un second album médiocre, Senor Smoke, pas même distribué officiellement en Europe, et dont ne surnageait qu’une reprise dispensable de l’horrible "Radio Ga Ga" de Queen… illustré d’un clip tout simplement lamentable (mais terriblement drôle… au dixième degré). C’est dire. Mais tout ceci est oublié. Le groupe, qui a vécu l’enfer, tente aujourd’hui de se racheter une virginité en optant pour une attitude neutre, comme en témoigne le titre de son nouvel album, Switzerland, dédié à Roger Federer (!). Neutralité ? Virginité ? Est-ce à dire que Dick Valentine, seul rescapé de la formation initiale et affublé d’un nouveau club des cinq, a décidé de taper dans la pop propette à la Coldplay ou à la Keane ? Bien sûr que non, rassurez-vous !

Car la Suisse, ce n’est pas seulement la neutralité politique, c’est aussi les comptes bancaires occultes, les valises remplies de billets en transit, et le chocolat. Ou plutôt la drogue. Enfin, d’après Electric Six, bien sûr, car personnellement je ne suis jamais allé en Suisse. Bref, oubliez la blancheur de la façade, les Six de Detroit sont bien entendu aussi corrompus par le sexe et l’argent qu’il y a trois ans. Excellent symbole, "I Buy The Drugs", meilleur morceau de l’album, n’est pas très éloignée de "I’m the Bomb", sur Fire, grâce à ses sonorités disco-rock, sa mélodie accrocheuse et son recours aux thèmes habituels du groupe : la drogue, les filles, les fringues qui sentent le sexe et les comportements déviants.

Si sur les treize nouveaux morceaux aucun n’atteint l’intensité comique de "Gay Bar" ou de "Danger ! High Voltage", deux monuments d'entertainment rock, l’album fait tout de même preuve de suffisamment d’humour et de talent pour remporter l’adhésion. Musicalement, l’album fait à nouveau appel aux fantômes de Queen et de Def Leppard, tout en étant plus varié que son illustre ancêtre. Mais surtout, ce Switzerland rapporte à nouveau la preuve que rock et esprit potache peuvent faire bon ménage. Les paroles, nom d’un Pokémon, sont tellement hilarantes qu’il serait vraiment dommage de passer à côté. Take a ride on the dirty donkey !