Sweet Beliefs

Cyann & Ben

Ever Records – 2006
par Nicolas, le 10 septembre 2006
8

Plutôt que d’aller s’enquérir de la nouvelle sensation outre-Manche voire outre-Atlantique, ne devrait-on pas porter un peu plus d’attention à ce qui se passe près de chez nous ? Je ne vous parle pas de cette scène belge frelatée ou de la prétendue émulation parisienne plus bidonnante que jamais. Mais plutôt que d’aller guetter du côté de Modesto l’impossible résurrection des Grandaddy de Jason Lytle ou du côté de Reykjavik l’énième sortie des Sigur Rós de Jónsi Birgisson, pourquoi ne pas nous intéresser davantage à ce qui se fait dans une petite bourgade comme Charleville-Mézières, patrie d’un certain Arthur Rimbaud ? Ne s’agissant pas d’un choix anodin, cette ville presque frontalière abrite le groupe Cyann & Ben, auteur très récemment d’un Sweet Beliefs de haut vol. Bien sûr, la formation n’en est pas à son coup d’essai, les plus aguerris se souviendront d’ailleurs de leur très bon deuxième opus, Happy Like An Automn Tree, sorti courant 2004. Si on y entrapercevait déjà une certaine verve poétique, celle-ci se trouve décuplée dès les premières mesures d’un Sweet Beliefs faisant office de première sortie française pour le prestigieux label américain Ever Records. Dès lors que l’auditeur se laisse emporter, il lui faudra peu de temps pour se retrouver bringuebalé dans l’univers onirique mais doucement psychédélique du duo devenu quatuor. Et là où la plongée sous acide des Brightblack Morning Light nous laisse complètement de marbre, on appréciera chez Cyann & Ben cette subtilité dans l’écriture de morceaux alliant pop atmosphérique et élucubrations post-rock. Sans toutefois sombrer dans la dimension extatique limite "happy" d’un Broken Social Scene en concert, les Carolomacériens explorent des versants plus sombres où le désenchantement et les cauchemars font partie du quotidien. Car pareil périple dans monde aussi féerique ne peut se faire sans apparition de créatures fantasmagoriques. Et si on avait la certitude de ne pas être victime de nos chimères, on se prendrait à les chevaucher pour aller tutoyer les cimes les plus vertigineuses de ces paysages luxuriants.

Le goût des autres :
8 Julien L