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Blaudzun

V2 – 2008
par Splinter, le 9 juin 2008
7

A rebours de ses voisins belge et français, le rock batave n'a pas connu de révolution ni de réelle explosion ces dernières années. Aux côtés de la figure tutélaire des Nits, seuls quelques groupes ont réussi à percer, profitant d'ailleurs surtout du revival gothique, comme Within Temptation ou The Gathering, voire, dans un genre plus pop, les Alamo Race Track. Pourtant, les Pays-Bas recèlent eux aussi quelques perles locales qu'il est urgent de découvrir, comme Blaudzun, un nouveau venu fortement influencé par le folk américain et ses songwriters solitaires.

Chantant dans un anglais irréprochable des comptines douces-amères, ce trentenaire barbu, admirateur du coureur cycliste danois Michael Blaudzun et fan de flamants roses, possède un réel sens de la mélodie et des arrangements discrets. Sa musique, aussi précieuse que peut l'être celle d'un Damien Rice, référence devenue incontournable aujourd'hui dans le genre, donne naissance à une grosse poignée de titres doux et mélancoliques très réussis, inspirés par "l'amour et les mensonges, le soleil d'automne et les nuits d'été à la plage", et plus largement par une certaine conception nordiste de la musique, c'est-à-dire tout en nuances, pour un résultat d'ailleurs relativement proche de l'excellent Silent Witness des Français d'Overhead.

Chacune de ces pépites orne brillamment ce premier album, sobrement intitulé Blaudzun, publié sur le label V2 qui devrait, en tout cas on l'espère, lui conférer une certaine audience. Le lecteur intéressé pourra s'aventurer sur l'inévitable page MySpace du monsieur, qui offre à l'écoute des titres aussi réussis que "Blindsport", "Tidal Wave" ou "California", c'est-à-dire les trois premiers titres de la galette. Cependant, les grosses réussites de ce disque résident sans nul doute dans le sublime "Loveliesbleeding", qui allie, avec une maestria certaine, jolie mélodie, voix atmosphérique, piano et quelques notes discrètes d'accordéon, et l'hispanisante "Resident", dont la mélodie lumineuse nous invite à "célébrer la chair" d'une jeune fille. Alléchant ! Un album digne d'un travail d'artisan orfèvre, donc, qui ravira les amateurs et les amatrices de jolie musique ayant signé un pacte de non-agressivité, ce qui fait plutôt du bien en ce moment.