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Kasabian

BMG – 2004
par Splinter, le 29 novembre 2004
9

Dernier avatar du revival rock, Kasabian se situe dans la lignée du célèbre mouvement "Madchester" né durant les années 80 en Angleterre, dont les porte-étendards les plus célèbres furent les Happy Mondays et les Stones Roses, et dont les chevelus de The Music ont contribué au renouveau en 2002 puis en 2004. Pour info, "Madchester" était le surnom donné à Manchester au moment de l’explosion de l’acid house, sorte de mélange entre la new wave et la house music dopé aux petites pilules extatiques et popularisé par le mythique club "Hacienda".

Ce petit aparté historique expédié, rendons-nous à l’évidence : le premier album de Kasabian est typiquement le genre de disque avec lequel ça passe ou ça casse, exactement comme pour The Music, dont le Welcome to the North a, logiquement, été diversement apprécié au sein de la rédaction ! Car, pour être tout à fait clair, un avertissement s’impose : amateurs de pop cristalline à la Keane voire lisse à la Travis, fondus de grosses guitares, allergiques aux synthétiseurs, passez votre chemin. Les routes empruntées ici sont en effet particulièrement torturées, les schémas totalement déstructurés, et doivent au bout du compte à la fois aux digressions du rock progressif des années 70 et au phrasé et aux rythmiques du rap.

Précédé de quatre excellents singles assez caractéristiques du son bouillant de l’album, parmi lesquels "Club Foot" et les fantastiques "Processed Beats" et "Lost Souls Forever", cet album, qui figure parmi les grandes réussites de cette année, réussit parfaitement sa mission consistant à distiller des refrains entêtants fondés sur des beats aux sonorités ethniques. "Running Battle", par exemple, bombe en puissance, en est l’illustration typique, au même titre que "Test Transmission" ou encore "Butcher Blues", dans un registre toutefois plus langoureux. "I.D.", quant à elle, fait curieusement penser à du... Archive !

L’impression d’ensemble qui se dégage de ce disque à l’intrigante pochette digne de Blake et Mortimer est sans doute celle d’un joyeux foutoir, mais un foutoir maîtrisé, étudié, loin du bordel punk des Robots in Disguise par exemple, ce qui témoigne de sa parenté fondamentale avec la pop anglaise et ce qui le rend d’autant plus aimable.

En conclusion, destiné tant aux pistes de danse qu’aux salons confortables, ce premier album acide mais délicat en bouche ne pourra laisser personne indifférent et, pour peu qu’ils y soient réceptifs, ne manquera pas de combler les amateurs des disques qui sortent des sentiers battus. Un gros coup de coeur, rien de moins.

Le goût des autres :
8 Popop