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Magic Magic

Rough Trade – 2009
par Splinter, le 25 mars 2009
7

Si vous faites partie de ceux – nombreux – qui estiment qu'après un premier album extraordinaire, Through the Windowpane, les Guillemots ont singulièrement régressé avec leur boursouflé Red sorti l'an dernier, jetez donc une oreille sur le premier album de leurs compatriotes Magic Magic. Originaires de Boston, les Américains, encore mineurs, jouent les apprentis sorciers d'une pop rigolote et bariolée, comme nos amis pingouins quelques années plus tôt, et l'album chroniqué ici pourrait bien être considéré comme le second album que les Guillemots n'ont pas réussi à publier, trop occupés à sortir le "gros son".

De fait, ce premier album sans titre et sorti de nulle part fait l'effet, comme l'indique sa pochette, d'une petite bulle pétillante sur la langue : sans jamais se prendre au sérieux, le quintette emmené par le chanteur John Francis Murphy et composé, de façon tout à fait exceptionnelle, de la bagatelle de deux gus aux baguettes, c'est-à-dire de deux batteurs, distille de gentilles mélodies indie pop, légères et amusantes, très entraînantes, du genre à égayer n'importe quel moment de la journée qui suscite d'habitude une humeur maussade (au hasard, le dimanche soir, avant la reprise du boulot, régulièrement dénommé le "blues du retour à l'école"). Effet garanti.

Si l'on ne sait pas grand-chose de ce groupe autoproduit, dont l'album n'est disponible que par le biais de la boutique de Rough Trade, et dont le nom assez cucul crée comme un obstacle aux recherches sur Google, il suffit de reconnaître aux Magic Magic un talent assez rare : celui de faire mouche avec pas grand-chose, sans jamais forcer. Les mélodies coulent de source ("Washington or Bust"), les effets sont restreints, et des titres comme "French Song" ou "Sleepy Lion" suffisent à emballer tout auditeur normalement constitué. C'est pop, c'est frais, c'est souvent épique ("Over Your Heart", "Abracadabra!") et c'est enthousiasmant. On parle d'eux comme les enfants illégitimes de The Arcade Fire, The Flaming Lips et Radiohead. Magique ? Presque ! Ces cinq-là portent bien leur nom.