Sound of Silver

LCD Soundsystem

DFA – 2007
par Jeff, le 20 mars 2007
9

Ce nouveau disque de James Murphy, alias Monsieur DFA, alias LCD Soundsystem, on aurait tellement voulu pouvoir vous en parler plus tôt. Non pas parce que l’attente fut absolument insoutenable (heureusement, des groupes comme Out Hud ou The Juan MacLean nous ont permis d’avoir le temps un tantinet moins long), mais plutôt parce que trois mois avant sa sortie ce Sound of Silver faisait déjà le bonheur des visiteurs réguliers des réseaux P2P et autres audioblogs bien informés. En fait, aux dires de James Murphy lui-même, ce disque aurait atterri sur les disques durs de dizaines de milliers d’internautes avant même que les autres membres du groupe ou de sa famille aient eu le temps d’écouter cette galette particulièrement attendue.

Dès les premières notes de « Get Innocuous! », on reconnaît la griffe de celui que l’on surnomme "le Pharell Williams du punk-funk" pour son impressionnante capacité à produire du tube pour lui comme pour d’autres (The Rapture ou Soulwax). Le beat, imparable et lent, ressemble à s’y méprendre à celui qui nous avait fait découvrir le groupe en 2002 avec « Losing My Edge ». Sur une voix qui fait franchement penser à David Bowie, James Murphy entame l’une de ces montées en puissance dont il a le secret et dont on imagine les dégâts qu’elle créera dans des conditions live. Mais on ne peut s’empêcher de se demander si, avec un morceau pareil, l’homme qui se cache avec Tim Goldsworthy derrière l’usine à tubes DFA ne tend pas un énorme bâton aux nombreux détracteurs que compte le groupe et qui verront là une nouvelle resucée d’une formule qui avait fonctionné à merveille trois ans plus tôt. Mais ce serait mal connaître James Murphy: on sait que ce gars-là est bien trop futé pour tomber dans une facilité aussi ostentatoire. Il faut plutôt considérer ce « Get Innocuous ! » comme un moyen clair de boucler la boucle et d’ouvrir la porte à de nouvelles expérimentations.

Certes, cette seconde livraison des New-Yorkais regorge de passages qui sont autant de clins d’œil évidents au précédent effort du groupe, mais c’est dans la cohésion qui anime Sound of Silver qu’il faut chercher sa principale force. James Murphy évolue toujours dans ces eaux troubles, ces terres qu’il a investi et qui se trouvent à la croisée des chemins entre punk, électro et rock, mais il lui arrive d’insérer dans ce magma en fusion quelques titres aux sonorités plutôt inhabituelles mais qui ne tranchent nullement avec un panorama déjà bigarré. Aussi, aux côtés d’un retentissant brûlot de punk moderne comme « North American Scum » (sur lequel Murphy fait étalage de son sens de l’observation et de l’ironie) ou l’extase électronique façon « Us vs Them », on est quelque peu surpris d’entendre le chanteur/producteur se donner des airs de crooner désabusé sur « New York, I Love You But You're Bringing Me Down ». Mais comme expliqué précédemment, Sound of Silver semble avoir été conçu et produit avec un tel souci de cohérence que l’auditeur n’y voit que du feu et se laisse emporter par la puissance mélodique et l’énergie communicative de ces neuf nouvelles compositions.

Généralement considéré comme un pur rejetonde la hype « made in New York », et donc comme un vulgaire produit de consommation à durée de vie très limitée, LCD Soundsystem prouve avec ce nouvel effort impeccable et indispensable qu’il n’est pas le feu follet que se sont avérés être des groupes comme The Rapture ou Radio 4 à qui LCD Soundystem était associé lors de son éclosion médiatique (logique, DFA ayant produit leurs albums...). Si le contenu de Sound of Silver ne dégage fort heureusement pas une odeur gênante de réchauffé, il est par contre fort probable que lui soit réservé un sort similaire à celui de son prédécesseur : une place de choix dans les classements de fin d’année… On a connu moins enviable comme situation.

Le goût des autres :
9 Julien 8 Laurent_old 9 Nicolas 8 Romain 10 Julien Gas 8 Julien L