Slave Ambient

The War On Drugs

Secretly Canadian  – 2011
par Michael, le 14 octobre 2011
7

Curieux mélange que la musique de War On Drugs. On retrouve des rythmes répétitifs hérités du krautrock, des guitares psychédéliques noyées sous des effets divers et variés, des nappes de clavier qu'on croirait sorties des ères new wave et post punk et un chant nasillard qu'on sent influencé par Dylan. Bref, un cocktail de genres et de gimmicks a priori antinomiques ou peu enclins à se rencontrer. Force est pourtant de constater que ça fonctionne plutôt pas mal et que ces gars-là on trouvé une formule et un son qui leur sont à peu près propres à défaut d'être d'une originalité renversante.

Quant à Slave Ambient, on peut le scinder en deux parties : une première assez brute et directe, des morceaux sur le même tempo motorik, des guitares qui se croisent et se recroisent dans des volutes d'arpèges et de riffs distordus. On roule un peu la tête dans le guidon. Mais à partir de "The Animator", les choses se détendent un peu et on prend le temps de respirer. On part sur une plage instrumentale calme et sans batterie, limite ambient, puis des saxophones arrivent pour étoffer le son avant de glisser vers le beat synthétique de "Come To The City", presque-petit-tube en puissance. Cette deuxième partie sera alors plus axée sur les claviers, sans débrancher les guitares pour autant. Du coup les morceaux sont plus variés dans leurs textures et leur construction. Et il faut avouer que le tout devient un peu plus digeste. "Original Slave" ou "Baby Missiles" sont de forts bons morceaux et même le chant d'Adam Granduciel prend une autre dimension. Car tant qu'on y est, impossible de parler de War On Drugs sans parler du grand absent de ce disque, à savoir Kurt Vile. Même si ce dernier a quitté le groupe fin 2008, le chant de Granduciel est tellement proche, tant dans les intonations que le phrasé et le grain, que c'en est troublant.

En tous cas, le groupe montre une nouvelle fois avec ce troisième album qu'il est tout à fait capable de s'émanciper sans un de ses deux piliers fondateurs. Et même si Kurt Vile s'est depuis fait un joli nom et une belle carte de visite, ses anciens camarades de jeu continuent leur bout de chemin de manière honnête et sans prétention.

Le goût des autres :
6 Laurent