Silver Season

Israel Nash

Loose/Thirty Tigers – 2015
par Pierre, le 2 novembre 2015
9

Il est parfois amusant de constater à quel point certaines sorties peuvent être occultées face à d’autres, bénéficiant elles d’une grosse communication et d’un nom bien plus racoleur. Dans ce contexte, le dernier album de l’Américain Israel Nash aurait tout à fait pu passer inaperçu, et à juste titre : un simple teaser sur YouTube, quelques informations sporadiquement dévoilées sur la page Facebook du zigoto et le tour était joué. Preuve de sa mauvaise compréhension des codes de son époque (ou d'un je-m'en-foutisme total, on ne sait trop), le Texan n’a accédé à une relative reconnaissance (toutefois amplement méritée) qu’à la suite de son troisième album, Rain Plains. Deux après donc, Silver Season débarque dans une indifférence certaine, habillé d'une pochette au bleu envoûtant.

N’ayons pas peur des mots : Israel Nash est en quelque sorte le Neil Young 2.0, le genre de mec qui porte haut les couleurs de la musique américaine sans pour autant tomber dans le plagiat des anciens. La musique a ici quelque chose d’intemporel, comme si nous connaissions déjà chaque progression d’accords, comme si chaque mélodie était depuis longtemps enfouie en nous. Et si la formule n’a pas changé, l’americana du grand barbu se mêle désormais à quelques envolées plus énervées, le tout baignant dans une atmosphère presque spirituelle. Disons-le clairement : l’album est en tout point sublime. Les guitares lumineuses s’esquivent, se fuient pour finalement s’imbriquer parfaitement les unes dans les autres, avec la voix douce et splendide du Texan pour erober le tout - une voix quasiment messianique sur le surprenant "The Fire & The Flood", aux allures de prière. La musique d’Israel Nash est fondamentalement basée sur la beauté des grands espaces qui entourent son ranch, là où ces chansons ont vu le jour. D’ailleurs, celle-ci transparait dans les mélodies franches et frissonnantes de ses compositions, aux charmes oniriques, comme sur le final grandiose de "L.A. Lately". Et si l’américain a décidément fait de la pedal-steel son credo, il n’hésite pas esquisser un jam expérimental ou se lancer dans des solos acides, sans jamais tomber dans la branlette pentatonique. 

Comme son prédécesseur, Silver Season célèbre une musique mélancolique, méditative mais jamais triste, à l’instar du final festif aux allures de gospel. Un album ensorcelant où la folk du desperado atteint de très hauts sommets. Et si, finalement, la formule décrivant le mieux l’album était inscrite sur les notes de pochette : "See the beauty that surrounds you" ?

Le goût des autres :
8 Amaury L