Shotters Nation

Babyshambles

Parlophone – 2007
par Nicolas, le 12 novembre 2007
7

Bien que Down In Albion, le premier album des Babyshambles, ne nous avait pas laissé à sa sortie un souvenir impérissable, il faut bien admettre qu’il contenait tout de même deux petites merveilles : la première étant l’inévitable "Fuck Forever" alors que la seconde se révélait être "Pipedown". Pour le reste, on dénombrait plus de bas que de hauts sur cet opus qui signifiait le retour de Pete Doherty sur le devant de la scène. Deux ans plus tard, le cocaïnomane le plus célèbre d’Angleterre remet donc le couvert avec un Shotters Nation qui, avouons-le, nous inspirait davantage de méfiance que d’impatience. D’autant plus que l’EP (The Blinding) sorti en début d’année suivait le même schéma que Down In Albion : un morceau-titre faramineux pour une fin d’exercice en roue libre. Dès lors, Pete Doherty fut-il pris une fois encore du pêché de dilettantisme ? La question méritait d’être posée…

Quant à la réponse, elle n’a guère tardé. Ainsi, Babyshambles semble passer maître dans l’art du contre-pied au point de nous livrer un album de qualité. Oui, vous lisez bien : Shotters Nation est une œuvre plutôt réussie en regard des productions antérieures. Comme on l’a dit plus haut, le premier opus des Babyshambles souffrait d’inconstance tandis que la production, alors assurée par Mick Jones (The Clash), n’élevait guère son niveau, que du contraire même. Accompagné cette fois par Stephen Street (Blur, The Smiths), les Babyshambles s’en sortent avec un Shotters Nation qui tient la route, et surtout la longueur. Bien évidemment, ceux qui désirent vilipender Pete Doherty et les siens y trouveront aussi leur compte. En effet, cet opus n’est pas exempt de redondances et de son côté brouillon, autrement dit la marque de fabrique de l’Anglais. Et si le single "Delivery" est un brûlot tel qu’on en attend des Babyshambles, ces derniers savent également être justes quand ils baissent le rythme sur "Lost Art Of Murder", pour le compte duquel ils sont rejoints par le formidable folkeux Bert Jansch. Un signe qui ne trompe pas.

Au-delà des éternelles polémiques sur les derniers faits et gestes de Pete Doherty, il en ressort que son groupe semble s’être affranchi du complexe Libertines. Avec Shotters Nation, Babyshambles trouve donc ses marques et devrait faire taire les critiques. Au bout du compte, le grand perdant n’est autre que Carl Barat, l’ancien acolyte de Pete et actuel leader des Dirty Pretty Things, qui devra sans doute prolonger avec son groupe alors que la rumeur faisait état d’une possible reformation des feux Libertines. Mais qui sait ? Nous ne sommes peut-être pas au bout de nos surprises.

Le goût des autres :
9 Soul Brotha