Ships

Sweet Baboo

Moshi Moshi – 2013
par Jeff, le 30 mai 2013
9

La force de Moshi Moshi est aussi sa faiblesse: depuis sa création, la maison londonienne a pu tirer profit d’une image de label foutrement hype, confirmée il faut bien le dire par le passage dans ses rangs de gens comme Hot Chip, Disclosure, Bloc Party ou Hercules & Love Affair à une époque où le moindre de leur prout ne se (res)sentait pas dans toute la blogosphère. Forcément, c’est ce genre d’artistes qu’on garde à l’esprit dès qu’une nouvelle sortie estampillée Moshi Moshi atterrit dans la boîte aux lettres. Pourtant, faire ce raccourci avec ces quelques têtes de gondole est une erreur, tant le label parie également (quoique trop rarement à notre goût) sur des artistes certainement moins bankables, mais tellement essentiels. L’exemple qui vient directement à l’esprit est celui des impeccables Wave Pictures. C’est justement dans cette catégorie de gens éminemment attachants que l’on débarque Sweet Baboo après une seule écoute à peine de son premier album.

Derrière ce pseudonyme, on retrouve le Gallois Stephen Black, que vous avez peut-être croisé au sein de Slow Club. Pas nous, on s’en excuse. Pas plus qu’on a pris le temps d’écouter les trois premiers albums du bonhomme – que la critique musicale des interouèbes semble nous vendre comme chouettes, mais pas plus. Pourtant, avec Ships, on se dit qu’on est peut-être passé à côté de quelque chose de grand. D’énorme même. Car on ne va pas se mentir : le songwriter britannique nous a ici pondu l’un des plus beaux albums d’indie pop de l’année 2013, quelque part entre le modèle éternel Belle & Sebastian, les trop méconnus The Boy Least Likely To et les Wave Pictures susmentionnés.

En fait, d’entrée de jeu, Sweet Baboo pose le débat sur l’enjoué « If I Died » en lançant ‘Daniel Johnston has hundreds of great tunes, and I’ve got six.’ Ce qui revient évidemment à mâcher le travail du critique musical, qui n’a plus qu’à choisir son camp. Vous l’aurez compris, on est ici d’avis que Sweet Baboo est dans la catégorie « supérieur ou égal à 6 » avec une bonne majorité des onze titres de Ships qui nous prouvent qu’on tient bien là un type complètement désabusé et déçu par la gent féminine, mais qui prend le parti de voir les choses du bon côté – musicalement du moins. C’est dans cet équilibre instable entre mélancolie et bonheur bordant le je-m’en-foutisme que Sweet Baboo s’épanouit, joue avec les cuivres et s’amuse à changer de rythme.

‘Feel good record ‘ par excellence malgré certaines thématiques qu’il aborde, Ships est un concept album sur la mer qui n’a de conceptuel que le nom. A moins que l’idée de départ était de nous foutre une banane pas possible avec des trouvailles pop d’une efficacité redoutable. Et puis bon, un mec qui intitule l’une de ces chansons « The Morse Code for Love Is Beep Beep, Beep Beep, The Binary Code Is One One » peut forcément pas être un mauvais bougre.