Sample And Hold

Simian Mobile Disco

Wichita – 2008
par Simon, le 14 novembre 2008
6

Voilà une bonne année maintenant qu’Attack Decay Sustain Release est sorti et son traditionnel exercice du remix se faisait attendre (sans trop d’impatience faut-il dire). En effet, ce genre d’essais se révèle trop catastrophique pour susciter encore une réelle attente auprès de nos petites oreilles assoiffées de réelles réinterprétations. L’absence d’implication de la part des remixeurs nous contraint souvent à passer outre ces resucées minables, la récente expérience du OI Oi Oi Remixed de Boys Noize suffira à illustrer mon propos de manière flagrante et désespérée.

Avant toute chose, un petit coup d’oeil à la jaquette suffit pour comprendre que le duo anglais veut à tout prix éviter l’écueil d’un casting pompeux en choisissant avec soin, et surtout éclectisme, les acteurs de ces relectures. De la minimale groovy (Simon Baker, Danton Eeprom) à la wave criarde (Shit Robot, Joakim) en passant par le dubstep (l’intouchable Pinch), tout y est pour que ce grand improbable écart puisse enfin commencer. La réalité est malheureusement moins inspirée que le choix des remixeurs, les vieux démons ne se faisant pas prier pour venir hanter un exercice de style qui commençait, pour le coup, plutôt bien. Simon Baker, que l’on a connu plus inspiré travaille sa piste avec longueur (trop ?) et malgré son allure groovy et aérée, on perd vite le fil d’un titre qui s’entend plutôt qu'il ne s'écoute. La suite n’est guère plus réjouissante avec deux remix tout à fait dispensables, tristement lisses et évocateurs d’un vide créatif latent. Même « It’s The Beat », une des colonnes vertébrales de la galette originale, perd de ses couleurs sous les assauts naïfs de Shit Robot.

Première bonne surprise, ou plutôt double bonne surprise, les titres « Hustler » et « Tits & Acid », respectivement remixés par Joakim et Oscillation, prouvent que l’espoir n’est jamais vain alors que nos deux larrons sculptent dans une matière plus rock ou wave des relectures plus personnalisées, et donc forcément plus attrayantes. C’est peut être là que le bât blesse, même Pinch, héros sans faille du dubstep techno, loupe son sujet en tentant la relecture massive et statique de « I Believe », les basses fréquences en perdront de leur intérêt immédiatement. Cosmo Vitelli tentera désespérément de sauver l’entreprise du naufrage avec une relecture funky de « Hotdog », une réussite qui tranche du reste, et qui contraste à nouveau avec le trou noir musical que représente ce disque.

Au final, on obtient un disque faiblard et peu inspiré, qui ne vaudra jamais l’argent que nécessitera son achat. Comme à l’habitude, seule une poignée de ces titres vaut le détour et tiendrait à nouveau dans un simple vinyl maxi. Mais peu importe, la destinée de ce disque s’explique avant tout par sa retombée commerciale et par l’affection que bon nombre de fans dédient à l’étiquette « Simian ». Convaincu que vous, lecteurs et lectrices, avez assez de bon sens musical, je déconseille tout naturellement d’investir dans cette mascarade tristounette.

Le goût des autres :
5 Nicolas