Royal Blood

Royal Blood

Warner Bros. Records – 2014
par Yann, le 16 septembre 2014
6

Ce qu'il y a de merveilleux avec la musique, c'est qu'il suffit que la "presse spécialisée" clame que la guitare a de moins en moins de place dans le paysage festivalier et radiophonique actuel pour qu'émergent des albums gavés de riffs agressifs au potentiel FM évident. C'est le cas du premier album éponyme de Royal Blood, sorti par Warner. Soyez certain que si ça marche comme c'est supposé, ils en feront les nouveaux Muse. Ne fuyez pas, néanmoins, il y a quand même du bon sur cette galette.

Avouons-le, il y a surtout de très bons singles. Le titre pour la sortie de l'album "Figure It Out" est catchy et pourrait hanter les ondes FM "indépendantes" cet automne. La recette est simple et déjà maintes fois entendue : riffs vaguement énervés, batterie écrasante, mais un certain sens du rythme pour qu'on puisse quand même danser. Si vous avez un peu suivi la carrière de Jack White et ses multiples projets, vous ne serez pas dépaysé. Et si le nouvel album de DFA1979 a pour lui une honnêteté artistique qu'on a du mal à accorder à Royal Blood, on ne peut pas nier une certaine proximité dans les sons, le funk de la basse en moins. On peut aussi citer "Out Of The Black", leur premier titre sorti en 2013, qui ouvre l'album avec les honneurs. Il s'en sort presque aussi bien que le "Do I Wanna Know" qui ouvrait le AM de Arctic Monkeys. D'ailleurs, en passant, c'est Royal Blood a fait les premières parties du groupe d'Alex Turner, et le batteur Matt Helders portait quant à lui un t-shirt de Royal Blood à Glastonbury. En plus, le tout sonne un peu comme si Josh Homme (qui a produit le dernier LP d'Arctic Monkeys), avait coaché le chanteur de Royal Blood pour sonner comme du QOTSA. Vous avez compris, on n'est pas face à un self-made band, et on ne peut s'empêcher de flairer la grosse opération commerciale.

Mais ce n'est pas vraiment le soucis. Par contre, on pourra regretter une uniformité et un formatage évident. Sur 10 morceaux, vous n'entendrez rien de plus que ce que vous avez déjà entendu dans le premier. En même temps, on l'a pardonné au dernier Arctic Monkeys justement, pourquoi pas à celui-là ? On ne peut par contre pas passer à côté du risque de dérive "glucose" évidente. Sur la deuxième moitié du disque ("Loose Change", "Careless" et en particulier "Ten Tonne Skeleton"), on perçoit que la ligne entre "énergie contagieuse" et "soupe pop" n'est pas loin d'être déjà franchie. C'est inquiétant pour un premier disque. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir, du rock un peu pêchu, même déjà formaté, reposera nos oreilles de l'EDM et des mauvais morceaux de hip-hop qu'on nous assène à longueur de journée.

Le goût des autres :
7 Amaury L