Right Thoughts, Right Words, Right Action

Franz Ferdinand

Domino – 2013
par Jeff, le 26 août 2013
6

Contrairement à ce que voudraient nous faire croire des communiqués de presse laudatifs à chaque nouvelle sortie du groupe, Franz Ferdinand n’est pas l’une des formations les plus importantes de sa génération. En fait, c’est plutôt l’une des plus surestimées du rock britannique actuellement, dépassée d’un cheveu par Bloc Party. En fait, comme la bande à Kele Okereke, le groupe de Glasgow a bâti (et continue de bâtir) sa carrière sur un premier album d’une qualité il est vrai exceptionnelle. S’en sont par contre suivis des albums honnêtes, et portés par l’un ou l’autre single efficace. Des disques auxquels on accorde trop de valeur car trop souvent cotés à l’aune d’un album éponyme qui a irrémédiablement marqué les noughties.

Pourtant, dans le cas de la bande à Alex Kapranos, si l’on prenait le temps de jauger objectivement You Could Have It So Much Better ou Tonight : Franz Ferdinand, pas vraiment certain que ce groupe-là remplirait des salles de 15.000 personnes les doigts dans le nez. Heureusement pour FF, la formation peut se targuer d’être une rare efficacité sur scène, parvenant souvent à masquer le songwriter faiblard de pas mal de titres plus récents par une énergie qui fait plaisir à voir. Mais voilà, en studio, c’est une toute autre histoire. Et Right Thoughts, Right Words, Richt Action en est une nouvelle preuve.

Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir convié une belle bande de producteurs pour collaborer à ce quatrième bébé : entre Joe Goddard et Alexis Taylor de Hot Chip, Björn Yttling de Peter Bjorn and John ou ce coquin de Todd Terje, il y a du talent à revendre aux manettes. Mais si vous cherchez de la cohérence sur Right Thoughts, Right Words, Richt Action, on vous conseille sérieusement de passer votre chemin. Par contre, si vous aimez vous dandiner le temps d’un single über catchy et passer à autre chose en attendant la bombe suivante quelques titres plus tard, ce disque sera fait pour vous. Mais quel dommage, tant ce groupe a tout pour (vraiment) plaire: Alex Kapranos a une voix dingue de sensualité (et n’a peut-être jamais aussi bien chanté que sur ces dix titres), la section rythmique est affolante de précision, et ces mecs sont de vrais pros. 

Et pourtant, ce quatrième effort manque de vitalité et de richesse. D’âme même. Après, il y a bien l’une ou l’autre fulgurance pour entretenir la flamme: une poignée de titres taillés pour les ondes (et là, difficile de résister à « Right Action » et « Evil Eye »), les claviers balearic prêtés par Todd Terje sur « Stand on the Horizon », le clin d’œil au bombes du premier album sur « Bullet » ou un « The Universe Expanded » qui aurait pu être écrit par les Byrds. Mais est-ce suffisant pour remporter les suffrages ? Bien sûr que non. Par contre, il est d’ores et déjà acquis que les fulgurances en question associées à n’importe quel titre du premier album et aux meilleurs moments de deux suivants suffiront à faire de la prochaine tournée de Franz Ferdinand le genre de concert que l’on ne voudra pas rater. Bref, n’investissez pas dans le cédé (des fois que ça se fasse encore) et gardez vos sous pour la tournée qui s’annonce…

Le goût des autres :
6 Maxime 8 Amaury L