Redemption

Jude

Naïve – 2006
par Splinter, le 13 octobre 2006
7

Face à une déception amoureuse, il existe 36000 manières différentes de réagir. On peut choisir de rebondir tout de suite, en se disant que ce n’était pas la bonne ou que ce n’était pas le bon (selon les cas). On peut se laisser pousser la barbe et rester affalé sur son lit en écoutant "Cambodia" de Kim Wilde. On peut pleurer toutes les larmes de son corps. Et quand on est un brin artiste, on peut écrire un disque. Mais dans tous les cas, avec le temps, la douleur finit par s’apaiser. Et à ce moment-là, après avoir vécu plus ou moins l’enfer, on vit une véritable rédemption : la souffrance n’était pas inutile, elle a offert une voie vers le salut. C’est précisément ce qui est arrivé à l’ami Jude.

Vous vous souvenez peut-être de Sarah, le précédent album de Jude, centré autour d’une histoire amoureuse, de sa naissance à sa mort. Un bel album, grave et aride, très mélancolique, un véritable travail de deuil, paru l’an dernier après quatre ans de silence. La bonne nouvelle aujourd’hui est double : Jude, ange déchu, est guéri et sort un nouvel album, pop et apaisé, opportunément intitulé Redemption.

Ce nouvel opus marque en fait le retour de Jude aux affaires : si la plupart des morceaux traitent à nouveau d’amour ("All I want to do", "Love, Love, Love", "Break-up Song"…) et si certains portent encore les stigmates de la douleur passée ("I wrote this song to keep from killing myself" – "End of my Rainbow"), le ton est beaucoup plus enlevé et enjoué que précédemment, la musique beaucoup plus fouillée et produite, grâce, notamment, à un titre comme "Save Me", qui convoque à nouveau guitares électriques, batterie et même claviers, sur un rythme proche de l’immédiateté pop des meilleurs morceaux de No One Is Really Beautiful, l’album qui l’a fait connaître, sans - fort heureusement - renouer avec le côté surproduit de King of Yesterday.

Et enfin sauvé, Jude peut reprendre le combat en abordant d’autres thèmes que l’amour, comme, par exemple, l’argent sur "Money" et "Love, Love, Love", qui lui donnent l’occasion de régler quelques comptes avec les Etats-Unis en général et l’industrie du disque en particulier, avec un style peut-être un peu naïf, mais touchant et efficace : "Love love love is all you should be thinking of". Au final, Jude n’est pas qu’un perdant magnifique ("Beautiful Loser"), comme il aime à se qualifier. Il représente surtout un espoir : même quand tout va mal, il ne faut jamais perdre de vue que la lumière est au bout du tunnel, ne jamais oublier que l'on s'envolera à nouveau.