Quiet Nights

Diana Krall

Verve – 2009
par Soul Brotha, le 3 mai 2009
9

La diva canadienne Diana Krall fait partie de ces artistes jazz qui, vus de loin, paraissent quelque peu prévisibles pour ne pas dire poussiéreux. Pourtant, l'amateur aventureux sait qu'un album de DK, c'est toujours (pour une raison ou une autre) un disque à écouter. Ce douzième chapitre d'une carrière sans faute entamée en 1993 ne déroge pas à la règle. Il fait même mieux que ça et s'avère presque être une surprise de par son étonnante qualité.

Le dernier opus en date de Madame Elvis Costello datait de 2006. From This Moment On entrait dans la grande lignée des The Look Of Love (2001) ou The Girl On The Other Room (2004), soit des albums remarquablement produits et interprétés mais manquant quelque peu de génie, de cette petite étincelle faisant qu'ils ne prennent pas la poussière. Un peu contre toute attente, ce Quiet Nights brise le signe indien et s'avère être le meilleur album de Miss Krall depuis bien des années.

Placé sous le signe du Brésil, cet opus dégage une ambiance envoûtante, feutrée mais aussi et surtout terriblement romantique. Le pays de la caïpirinha semble inspirer la déesse jazzy sur "Este Seu Olhar", reprise aux petits oignons de l'illustre João Gilberto ou sur le désarmant "Too Marvelous For Words"(emprunt au maître Frank Sinatra) et son rythme bossa irrésistible qui honore. Au comble de l'élégance, Diana Krall reprend aussi "So Nice", charmante ritournelle interprétée à la base par sa consœur Carioca Bebel Gilberto (la fille de João si vous suivez bien).
Avec tout ça, on omettrait presque le reste de l'album qui est pourtant du même acabit: de "The Boy From Ipanema" (à la base une histoire de fille racontée par Stan Getz et, encore, João Gilberto) à "Everytime We Say Goodbye" (où elle pioche cette fois chez Dinah Washington) en passant par "Walk On By", relecture totalement à contre-emploi de l'ode monumentale du regretté Isaac Hayes, impossible de trouver une fausse note dans ce recueil feutré et tout simplement beau.

Ce serait mentir que de dire que Diana Krall ne nous avait pas habitués à sortir de bons travaux de façon régulière. Pourtant, cet album surprend vivement car il est bien plus inspiré et marquant que ses prédécesseurs. Ce Quiet Nights fera date dans la discographie de Diana Krall, c'est un disque hypnotique, poétique, romantique et tout simplement indispensable pour tout amateur de Jazz vocal qui se respecte.

Le goût des autres :
6 Adrien