Psych Ward

The Urges

Wicked Cool Records – 2008
par Romain, le 11 novembre 2008
9

La pochette de Psych Ward ne laisse planer aucun doute : c’est aux sixties psychédéliques qu’on va avoir affaire. Si des groupes comme les Black Angels jouent plutôt la carte d’un ésotérisme sombre façon bad trip ou poussée de fièvre, The Urges renoue avec un rock garage énergique qui tient plus des Kinks ou des jeunes Rolling Stones que des mélodies éthérées de Jefferson Airplane. La référence avouée et révérée des Urges sont d’ailleurs les initiateurs du genre que furent les 13th Floor Elevators.

Qu’on ne s’attende donc pas à une quelconque innovation, les Urges n’y pensent même pas. Il s’agit de revenir au rock primitif des « golden » avec le même attirail, le même look et les mêmes textes, le tout doublé d'un souci du détail exacerbé (à l’inverse, des non moins remuants Black Lips, qui privilégient la lo-fi). L’intérêt d’albums comme Psych Ward se situe donc plus dans la qualité de la construction des titres et dans l’énergie que ceux-ci dégagent que dans une fraîcheur de ton qui se veut d’emblée absente.

Et les deux y sont. Les Urges réaniment un style et ils le réaniment correctement. Des titres comme « So Uptight », « Jenny Jenny » ou « The Urges Theme », indépendamment de leur ressemblance manifeste avec les chefs-d’œuvre des pères, sont terriblement efficaces et bien écrits. D’ailleurs Psych Ward dans son ensemble hérite de l’énergie du rock’n’roll naissant et nous la communique sans détour au risque de glisser des instants de chaos par-ci par-là (instants qui, au final, sont toujours placés à propos). On est loin des accès de démence incontrôlés des Warlocks ou du Brian Jonestown Massacre mais loin aussi du son trop raffiné des Datsuns. Définitivement, Psych Ward fait mouche.

On entendra certainement les mauvaises langues dire qu’on a écouté les Urges cent fois. Les autres, ceux qui écouteront Psych Ward sans a priori, dégusteront chaque accord avec plaisir.