Pop-Up

Yelle

EMI – 2008
par Simon, le 14 janvier 2008
7

Le retour pop qu’on a pu connaître cette année dans la musique électronique (Apparat, Fairmont, Matthew Dear,...) trouve maintenant un autre plan de jeu en squattant la variété française, récupérant de cette manière à son compte les standards employés au cours des années 80. Cette ambition du « tout pop » retrouve sa nouvelle vie dans le renouveau fluo, terrain propice à ces infantiles élans de naïveté. Après avoir longtemps hésité à chroniquer ce disque par souci d’actualité de mes propos, il m’a semblé utile de remédier à cette absence, non pas que le disque se révèle comme un des atouts forts de cette année 2008, mais bien au vu de l’importance croissante du mouvement dans la conjoncture actuelle.

En effet, si le mouvement fluokids se retrouve confortablement dans l’effervescence euro-trash (Justice et autres automates), on avait pu goûter à cette affiliation pop grâce au premier essai en solo de Tekilatex (Party De Plaisir). Faute d’un succès renversant, c’est désormais à Yelle qu’il appartient de goûter au succès de cette formule magique du « tout pop ». La première étape consistait pour elle à travailler la production de manière soignée, ressortir les claviers vintage et les envolées synthétiques, assumer les basses avec légèreté pour un résultat aussi sucré que de la crème au beurre et plus aéré que des œufs bien montés en neige, qui ne manquera pas de faire vibrer la corde sensible des plus vieux d’entre vous.

Deuxième étape essentielle à la confection d’un bon nanar pop, le recours à des lyrics aussi grotesques qu’attachants, et la belle (ou pas) s’y attèle magnifiquement en tapant dans le registre du féminisme exacerbé, donnant l’impression de lutter pour une cause noble. Argumentant à la fois sur l’inutilité de la gente masculine (le tubesque « A Cause Des Garçons », « Dans Ta vraie Vie »), l’apologie du vibromasseur (« Mon Meilleur Ami ») ou encore le lesbianisme comme dernier rempart à l’imbécillité des garçons, la jeune Française se cache derrière ce discours simpliste pour proposer des lyrics aisément identifiables, dont le caractère revendicatif se révèle aussi bien provocateur qu’inutile. On assiste tout au plus à une révolution de palais inoffensive, ce Girl Power ayant une insistante odeur de déjà-vu.

Il n’en reste pas moins que cette simplicité rime aussi à bien des égards avec efficacité, et on se laisse séduire sans plus de formalités par le contenu global de ce premier essai qui fourmille de bonnes idées encore à exploiter. La production léchée aidant à faire passer la pilule en douceur, on voit cette entreprise comme un bon moment d’absence musicale, un disque qui se déguste à plein volume dans la voiture entre une cigarette fraîchement allumée et la mauvaise haleine persistante du matin difficile. Pas si mal après tout.

Le goût des autres :