Plans

Death Cab For Cutie

Atlantic/Warner – 2005
par Jeff, le 19 octobre 2005
8

Après le très bon Transatlanticism, quatrième album du groupe qui les a fait connaître à un plus large public, et après l’excellent album de The Postal Service, le projet solo de son chanteur Ben Gibbard, c’est un euphémisme de dire que le nouvel effort de Death Cab For Cutie était attendu avec impatience (voire avec une certaine dose d’appréhension depuis le passage du groupe du label indépendant Barsuk chez la major Atlantic).

Difficile de dire si c’est ce récent transfert ou tout simplement l’inéluctable phase d’évolution par laquelle tout groupe se doit de passer, toujours est-il qu’à mesure que défilent les années et les sorties, la musique de Death Cab For Cutie semble devenir de plus en plus fluide, de plus en plus limpide et surtout, de plus en plus lumineuse. Plus pop que folk en somme. Certes sombre, Transatlanticism marquait déjà une nouvelle étape dans la carrière du groupe, mais avec Plans, c’est un nouveau visage qu’il nous présente. Dire que Death Cab For Cutie a décidé d’arrondir les angles serait quelque peu péjoratif. On n’oserait pas dire non plus dire que le groupe s’est assagi. Disons plutôt que la structure des compositions reste inchangée mais que le groupe a décidé de revoir sa manière de les écrire et surtout de les arranger. Cela se traduit par des mélodies qui semblent aujourd’hui moins sèches et rugueuses que par le passé.

Bien évidemment, certaines choses n’ont pas changé d’un iota depuis l’éclosion du groupe : il y a d’abord l’inamovible et indispensable Ben Gibbard. Sa voix conserve encore et toujours cet aura magnifique et cette réconfortante chaleur qui la rendent instantanément touchante. Puis il y a cette douce mélancolie qui habite en permanence Plans. Qu’il s’agisse d’un titre dont la gaieté sous-jacente n’est pas sans rappeler l’aventure The Postal Service (le single « Soul Meets Body »), d’une ballade à l'attendrissant dépouillement (« I Will Follow You into the Dark ») ou d’un hommage vivifiant à la power pop des Posies (« Crooked Teeth »), il y a toujours cette voix cristalline et ces paroles mélangeant sincérité et simplicité pour nous émouvoir.

La musique de Death Cab For Cutie semble avoir, depuis quelques années, entamé une lente courbe évolutive que rien ni personne ne pourra arrêter. Aussi, si l’on ressent l’envie du groupe de tendre vers des atmosphères plus consensuelles, ce choix n’affecte encore en rien l’excellente qualité des onze titres de Plans. Et à ce rythme-là, il faudra encore une bonne quinzaine d’années avant que Death Cab For Cutie ne commence à tomber dans la facilité et l’ennui. Il sera toujours temps de s’inquiéter en 2020. D’ici là, une seule chose à faire : déguster.

Le goût des autres :
7 Popop 8 Laurent