Phrazes For The Young

Julian Casablancas

RCA – 2009
par Jeff, le 30 novembre 2009
6

S'exprimant au micro du NME, Julian Casablancas est revenu sur les raisons qui l'ont poussé à rentrer en studio pour y enregistrer son premier album solo, dont on ne cesse de parler ces dernières semaines. Et là, l'explication est claire comme de l'eau de roche: à l'origine, le chanteur des Strokes n'avait pas la moindre intention d'accoucher de ce Phrazes For The Young qui a plutôt servi de remède contre l'ennui tandis que ses copains de jeux vaquaient à leurs occupations. Il faut bien dire qu'entre un Albert Hammond Jr. qui n'a plus beaucoup de temps libre entre des albums solo plus qu'honnêtes et une amourette avec la bombe Agyness Deyn, un Fabrizio Moretti qui se la coule douce avec les sympathique Little Joy et un Nikolai Fraiture qui ne fait pas de bruit avec les translucides Nickel Eye, les occasions pour Casablancas de trouver le temps un peu long dans la Big Apple ont été légion.

Forcément, dans de telles circonstances, la véritable interrogation qui entoure ce Phrazes for the Young est de savoir si le golden boy du revival rock garage en slim et Converse nous a pondu un ennuyeux caprice d'enfant gâté ou un opus digne de ce nom capable de patienter jusqu'au prochain album des Strokes. La bonne réponse, elle se trouve quelque part à mi-chemin entre ces deux solutions.

Loin d'être un album des Strokes qui n'en aurait pas le nom, Phrazes For The Young permet à Julian Casablancas de nous témoigner tout son amour pour les claviers un peu cheap sur des compositions qui soufflent le chaud et le froid. Evidemment, l'expérience engrangée par Julian Casablancas au sein des Strokes se révèle être un atout indéniable et on retrouve dans sa manière d'emballer ses morceaux sur des refrains puissants le savoir-faire qui a permis de propulser les Strokes au panthéon du rock moderne en un seul album, mais dans l'ensemble, notre homme semble vouloir prendre ses distances par rapport au groupe qui lui a tout donné. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Julian Casablancas s'en tire avec les honneurs sur une première moitié de disque qui enchaîne les perles electro-pop-rock avec une déconcertante facilité – et ce malgré des synthés qui frôlent parfois avec le ridicule comme sur le single "11th Dimension". Il est donc évidemment regrettable de voir le héraut new-yorkais perdre son sens inné du single qui déboîte sur une seconde moitié de risque où l'on ne retiendra qu'une voix, toujours autant empreinte de mélancolie, mais qui ne sert finalement plus à rien quand elle se met au service de compositions indignes d'un mec qui a été capable de nous subjuguer pendant une petite vingtaine de minutes. Se complaisant dans d'obscures ballades amorphes, Julian Casablancas ne peut que sauver les meubles à de rares moments, comme sur le final très stroksien de "River of Brakelights".

Au petit jeu des escapades en solitaire, il ne reste plus que le guitariste Nick Valensi pour nous démontrer qu'individuellement, un membre des Strokes a les reins assez solides pour produire un album aussi bien torché et foutrement addictif qu'Is This It ou Room On Fire. Espérons juste que ce cher Nick ait suffisamment de jugeote pour comprendre que c'est là peine perdue et que les fans du groupe ont bien mérité un successeur à First Impressions of Earth qui se fait attendre depuis quatre ans, bordel de merde!

Le goût des autres :
6 Julien Gas 6 Nicolas 6 Gwen 6 Laurent 7 Tristan 7 Amaury L