Oh Land

Oh Land

Epic – 2011
par Jeff, le 4 juillet 2011
7

Robyn ayant suffisamment phagocyté l’espace médiatique en 2010 avec son indispensable projet Body Talk, le moment était venu pour la Suédoise de laisser un peu d’air à ses congénères pour qu’elles fassent valoir leurs charmes sans avoir l’air de passer pour de pauvres seconds couteaux un brin rouillés. Et la Scandinavie étant une vraie terre d’electro-pop où qualité et quantité ne se tirent pas la couverture, il n’a pas fallu chercher bien loin pour lui trouver un substitut de qualité : ainsi, partant de Stockholm, il n’aura fallu parcourir que quelques centaines de kilomètres pour tomber sur Oh Land, une demoiselle qui risque fort de s’attirer pas mal de jalousies. En effet, difficile de ne pas tomber sous le charme de celle que l'état civil connaît toujours sous le nom de Nanna Øland Fabricius: fille d'une chanteuse d'opéra qui se destinait à une brillante carrière au sein du ballet royal suédois, la demoiselle, plutôt bien faite de se personne, a dû se reconvertir dans la chanson en raison d'une grave blessure. Pas de chance pour  les mauvaises langues et les filles un peu moins gâtées par dame nature qui voyaient dans ce souci de santé un gros bâton dans une roue jusque là bien épargnée, la jeune Danoise excelle également dans la composition de vignettes electro-pop d'une classe folle.

Aujourd'hui exilée aux Etats-Unis où elle ambitionne de percer avant même d'avoir séduit le Vieux Continent, Oh Land est une fille qui n'a visiblement pas peur de la concurrence et des défis – on le sait, le pays de l'Oncle Sam est globalement moins réceptif à ce genre de sucreries. Mais pour mener à bien sa petite entreprise, la belle peut quand même compter sur une major qui lui dégotte des remixes signés Yuksek ou Twin Shadow et une équipe de producteurs composée de Dan Carey (The Kills, Franz Ferdinand, Hot Chip) et Dave McCracken (Beyoncé, dEUS, Depeche Mode). On ajoute à cela un talent d'écriture déjà démontré sur le single annonciateur de l'album (l'ultra-efficace « Son of a Gun ») et confirmé sur les dix autres titres de ce disque éponyme et on obtient un objet forcément recommandable. Ne sacrifiant jamais une certaine indépendance artistique sur l'autel d'une pop mainstream aujourd'hui "guettaïsée", Oh Land creuse un sillon où la sensibilité joue une place bien plus importante que chez ses concurrentes directes – on pense par exemple à des filles comme La Roux ou Little Boots. Et c’est peut-être cette délicatesse de tous les instants qui rend ce disque aussi attachant, même sur les titres les plus remuants comme le « Son of a Gun » évoqué plus haut ou « We Turn It Up » et « Voodoo ».

Vous l’aurez certainement compris, ce n’est pas dans ses moments les plus évidents et pop que l’on décèle la richesse véritable de ce second album (le premier distribué à l’international), mais plutôt dans sa capacité à transcender un genre qui a trop souvent tendance à tourner à vide ou se parer d’apparats pour mieux cacher sa vanité. Pourtant, avec un physique comme le sien, il aurait été facile pour Oh Land de faire tourner les têtes avec moins d'élégance. Mais la Danoise n’a pas choisi la facilité, et ça paie.

Le goût des autres :
7 Laurent