Nothing Hurts

Male Bonding

Sub Pop – 2010
par Jeff, le 1 octobre 2010
7

Depuis de nombreuses années, Sub Pop est un repère de premier choix pour les groupes indie américains aspirant à une carrière un peu plus glorieuse que la tournée sans fin des arrière-salles poisseuses et des bouges minables de leur région d'origine. Et puis à l'occasion, les têtes chercheuses du label s'aventurent en dehors des frontières U.S. histoire d'y dégotter du sang frais. C'est plus précisément à Londres que Sub Pop a été nous dégotter les petits nouveaux de Male Bonding. Mais dans le cas de ce trio, on ne peut pas vraiment parler d'un groupe qui va réinventer le "son Sub Pop", connu pour être aussi simple qu'efficace. En effet, Male Bonding donne surtout l'impression d'avoir consciencieusement mâchouillé 20 ans d'histoire subpopienne pour ensuite recracher une mixture épaisse qui sonne comme un condensé de ce que la maison de Seattle nous a livré de meilleur au cours de sa riche histoire.

En trente minutes placées sous le sceau de la furie post-adolescente, Male Bonding ressuscite le Nirvana et le Dinosaur Jr. des débuts, mais invite également à la fête quelques formations qui ont alimenté l'histoire récente du label, comme No Age. Vous l'aurez compris à la lecture de ces quelques noms, Nothing Hurts tient davantage de la randonnée tumultueuse que de la promenade de santé. Puissant, vicieux et porté par un batteur qui fait office de véritable métronome, le son façonné par les trois sujets de sa Majesté n'est pas du genre à s'encombrer de chichis inutiles. Treize morceaux bruyants qui avoisinent tous les deux minutes, tel est le programme serré que nous réserve Male Bonding. Mais surtout treize morceaux qui ne jouent pas la carte du punk bête et méchant servant de fond sonore à un pogo aviné mais dévoilent un véritable talent d'écriture et une envie de s'éloigner de la linéarité et de l'absence de relief de trop de productions. Et en plus, les Vivian Girls viennent même faire un petit coucou sur un dernier titre plus introspectif et apaisé. Franchement, à ce stade de la carrière de Male Bonding, que demander de plus?