Nihl

Altarage

Iron Bonehead Productions – 2016
par Simon, le 20 mai 2016
9

Si vous avez du mal à suivre l’actualité metal (on peut vous comprendre), sachez juste que 2016 s’annonce comme une année millésimée, tous sous-genres confondus. Altarage n’est rien d’autre que la confirmation de cette tendance, où l’indé n’a certainement pas à rougir face aux grosses machines que peuvent être Profound Lore, 20 Buck Spin ou Relapse.

Altarage nous vient de Bilbao, sort son premier album après le MCD MMXV sorti l’année passée, et tout ce qu’on peut vous dire à ce stade c’est que leur musique tient plus du terrorisme indépendantiste que des sardines à la plancha. On pourrait introduire Nihl en vous disant qu’il s’agit d’un death metal hyper compacté, brutal et sans pitié. On préfèrera résumer la musique d’Altarage comme un proche cousin de celle de Portal, formation incontournable depuis bientôt quinze ans et leader incontestable d’un death metal technique d'avant-garde. On s’excuse d’avance pour ceux et celles qui ne comprendront que pouic à la musique des Basques, l’avancée d’Altarage (tout comme celle de Portal) étant toujours quelque chose de bizarre, de structurellement dérangé, même pour un fan du genre.

La première chose à savoir c’est que ce death metal à tendance horrifique exprime son talent dans la cacophonie, dans le trop-plein, dans la rapidité et l’enchevêtrement. Les parties mid-tempo sont presque absentes, les riffs dépassent leur fonction traditionnelle et se déplacent comme d’énormes blocs de béton, avec une précision vomitive. C’est d’ailleurs un des gros atouts de la musique d’Altarage (notamment sur celle de Portal) : rien n’est sacrifié sur l’autel de l’ambiance cacophonique, et les riffs sont bien souvent à se taper les couilles contre le frigo (lancez « Altars », vous comprendrez rapidement). L’autre chose à savoir, c’est que absolument tout dans Nihl est joué à hauteur du plafond, si bien qu’on est en permanence en-dessous des choses, écrasés, littéralement étouffé, violenté de manière infâme. La voix, quant à elle, est le dernier clou du cercueil puisqu’elle est hurlée de loin avec une puissance et une bestialité à pleurer dans son lit, le tout exactement à même hauteur que tout ce magma instrumental. Ce mec hurle contre sa musique, si bien qu’on ne sait si l’homme est un chef d’orchestre totalitaire ou une victime de son propre système.

Tout ceci mis ensemble fait basculer Nihl dans de l’avant-garde pure, renverse la manière traditionnelle d’embrasser le metal (quel que soit le sous-genre) en inventant un nouveau langage musical, une grille de lecture inédite au pays de la violence pure. On le concède, pour arriver à la quintessence de ce que Nihl a à offrir, il faut encaisser un maximum de pains dans la face, écoute après écoute, remettre l’ouvrage sur le métier, jusqu’à décoder cette vision d’horreur et atteindre le Saint-Graal. Ce qu’on peut vous confirmer, c’est qu’après une trentaine d’écoutes, on se dit qu’on tient là un des meilleurs disques metal de l’année.