Nervous

Siskiyou

Constellation Records – 2015
par Yann, le 10 mars 2015
7

Quoi qu'en disent mes amis, j'ai toujours été un dilettante en musique. Je picore sans jamais approfondir, avant de me lasser et de passer à autre chose.

Et il faut bien dire que je me suis très rapidement désintéressé de la vague indie-folk: Fleet Foxes m'a toujours fait chier et je n'ai jamais été capable d'écouter un album complet de Timber Timbre malgré quelques excellents titres. Du coup, je n'avais jamais entendu parler de Siskiyou, en partie parce que sorti sur le très respectable Constellation Records, un de ces labels dans lesquels je butine avec beaucoup de parcimonie. Il a fallu que l'ennui et la lassitude me poussent à explorer la pile de CD qui traîne sur mon bureau pour que je jette une oreille au troisième album du groupe.

L'ennui et le picorage ont du bon. Car si j'avais écouté le premier disque à l'époque de sa sortie, j'aurais sans doute été encore moins enclin à me pencher sur Nervous. Dans ce disque, Siskiyou réussit à trouver un bel équilibre entre guitares folk et une certaine influence pop dans les arrangements et les compositions, le tout saupoudré de quelques fulgurances rock. On s'éloigne de la dépression solitaire des forêts canadiennes pour des morceaux parfois lumineux (l'excellente ouverture "Deserter" et son chœur), dégageant parfois une violence sourde ("Jesus in the 70s"). L'interprétation du front man Colin Huebert (également à l'écriture et à la production) est excellente, amenant parfois ses titres au niveau des bons morceaux pop de Sophia (en particulier "Bank Accounts and Dollar Bills"). 

Tout n'est pas parfait, bien sûr. Je suis moins convaincu lorsque les guitares reprennent des gimmicks americana. Certains titres manquent par ailleurs un peu de personnalité. Mais l'ensemble se tient et trouvera une place confortable à côté du Awayland de Villagers dans la catégorie "influences folk bien digérées". Certains évoqueront plutôt l'Arcade Fire des débuts et rapprocheront cet album du rock indie nord-américain, mais franchement, on ne va pas se battre sur des étiquettes...