My Maudlin Career

Camera Obscura

4AD – 2009
par Popop, le 30 avril 2009
7

Mine de rien, cela fait déjà plus d’une décennie que les Ecossais de Camera Obscura traînent leurs guêtres sur les scènes du monde, considérés par les uns comme les Belle & Sebastian du pauvre (version féminine), par les autres comme l’un des secrets musicaux les mieux gardés, une remise au goût du jour particulièrement inspirée des swinging 60's. Mais si la comparaison avec le groupe de Stuart Murdoch est relativement justifiée, le parcours des deux formations est inversement proportionnel, le combo mené par Tracyanne Campbell ne cessant de se bonifier avec le temps.

Il faut dire que la chanteuse aime prendre son temps pour composer : 4 albums seulement depuis la formation de Camera Obscura en 1998, c’est peu, mais s’il s’agit là du prix à payer pour des morceaux de la qualité de ceux alignés sur My Maudlin Career, on peut dire que les fans font plutôt une bonne affaire. Surtout que le successeur du déjà très bon Let’s Get Out Of This Country ouvre de nouveaux horizons musicaux particulièrement réjouissants : plus spontanée, presque décomplexée, moins rétro également que par le passé, la musique des Ecossais semble avoir pris de l’ampleur. L’utilisation généreuse de cordes, de chœurs et de cuivres pour habiller la majeure partie des morceaux n’est sans doute pas étrangère à ce phénomène – dès le single "French Navy", l’auditeur se sent transporté très loin.

Car ici, pas question de masquer une quelconque faiblesse mélodique sous plusieurs couches d’arrangements : les chansons sont lumineuses, les refrains collent aux neurones et se fredonnent toute la journée, comme ce "Swans" qui ressuscite les Ronettes ou cette fausse comptine qui se cache sous les traits de "Other Towns & Cities". Bien sûr, il faut aimer le sucre et le soleil, les bonbons acidulés qui vous bousillent les dents mais vous réchauffent le cœur. Ce n’est d’ailleurs par pour rien que, très symboliquement, le dernier morceau du disque s’appelle "Honey In The Sun". Cette chanson, sans doute la meilleure composée par Campbell, ressemble étrangement à un résumé de la carrière du groupe, un manifeste à contretemps bouleversant de réalisme. « I wish my heart was cold but it’s warming like before » : les années passent et renforcent la générosité de ce groupe décidément très attachant.

Le goût des autres :
7 Julien