Music Components REV2

Arnaud Rebotini

Citizen – 2009
par Jeff, le 11 décembre 2009
7

L'année dernière, Arnaud Rebotini a accouché avec Music Components d'un album pour le moins percutant, réalisé dans les règles de l'art (de l'analogique et de la machine mythique) et qui prenait la forme d'un hommage aux pères fondateurs de Detroit, tout en parvenant à rester solidement ancré dans son époque. En d'autres termes, une indispensable leçon pour tout amateur de musiques électroniques qui se respecte et une petite piqûre de rappel nécessaire pour ces jeunes fous qui pensent que la musique électronique est née en même temps que le Discovery de Daft Punk. Et quasiment un an jour pour jour après la sortie de ce qui restera l'un des tout bons albums de 2008, Citizen se lance dans une entreprise pour le moins périlleuse: l'album de remixes. On l'a vu avec les disques de Simian Mobile Disco ou Boys Noize, l'exercice peut vite se transformer en un enchaînement sans saveur et parfaitement indigeste de réécritures pantouflardes par de jeunes producteurs sans devenir ou des valeurs sûres en roue libre. Vous l'aurez compris, c'est donc avec  la circonscription de rigueur que le rédacteur méfiant que je suis s'est penché sur Music Components REV2.

Mais finalement, bien barricadé derrières nos doutes, on en oublierait presque un élément fondamental de l'équation proprement façonnée par Rebotini: avec pour base de départ un album aussi solide que Music Components, l'électronicien français aurait vraiment dû s'entourer des pires bras cassés du milieu pour transformer l'exercice en une mascarade ridicule. Mais c'était sans compter sur le carnet d'adresses bien fourni de l'armoire à glace moustachue, qui a convié quelques bonnes connaissances pour élaborer ce Music Components REV2 aussi percutant que son grand frère. Certes, on pourra toujours dire que l'immense majorité des remixeurs n'a pris que peu de risques énormes et a préféré ne pas s'éloigner des originaux, mais il n'en reste pas moins que certaines réécritures parviennent à apporter cette valeur ajoutée qui fait défaut à tant de remixes qui circulent sur la toile. Ainsi, on se laisse emporter par les circonvolutions minimales de Chloé sur "Cm", les vélléités rétro de Steve Moore sur "The Swamp Waltz" ou les piqûres de testostérone administrées par Donovan à "Un Cheval D'Orgueil". Quant à Discodéine, Jesper Dahlback  ou les Märtini Bros, ils tombent davantage dans l'hommage que la reconstruction avec des titres qui devraient néanmoins faire quelques dégâts en club.

Certes, Music Components est une œuvre bien plus indispensable que sa version révisée, mais il n'en reste pas moins que Music Components REV2 se révèle être un addendum parfait et un placement de type "bon père de famille" pour celles et ceux qui avaient succombé aux kicks techno du maître Rebotini un an plus tôt.