Molecule

Sharko

Bang! – 2007
par Jeff, le 19 mars 2007
8

Avec ses condensés de pop guillerette et infectieuse, ce vieux briscard de la scène musicale wallonne qu’est David Bartholomé alias Sharko est rapidement devenu, aux côtés de Ghinzu ou des Girls in Hawaii, l’un des fers de lance de ces "Sacrés Belges" aussi demandés (pour la qualité de leur musique) que décriés (pour leur participation à ce projet un peu bidon). Des trois formations jusqu’à présent citées, Sharko est le premier à sortir un nouvel album depuis l’avènement du phénomène.

Il suffit de lire quelques-uns des billets hilarants du journal que tient David Bartholomé sur le site web officiel de Sharko ou de l’avoir vu se foutre à poil et converser avec sa chaussette lors de sa dernière tournée pour en arriver à cette conclusion limpide : l’artiste bruxellois est un comique de première catégorie, le genre de mec qui vous tient en haleine toute une soirée avec ses vannes tantôt fines, tantôt débilissimes, mais jamais fatigantes. Et ce ne sont pas les mélodies impeccables et débordantes de malice de son précédent effort, l’excellent III, qui viendront nous prouver le contraire. Mais c’est bien connu : derrière le masque du clown se cache souvent une personnalité trouble, et c’est ce côté sombre de sa force que David Bartholomé a décidé de laisser éclater sur ce Molecule très attendu et pour lequel le groupe n’a pas lésiné sur les moyens puisqu’on retrouve aux manettes le Français Dimitri Tikovoï – qui a notamment travaillé avec Placebo ou John Cale.

Au terme d’une longue période d’attente marquée par la dépression et la panne créative, David Bartholomé a enfin trouvé les forces suffisantes pour accoucher de onze nouvelles compositions qui marquent une évolution radicale par rapport à son prédécesseur – la quatrième en autant d’albums en fait. Ce nouvel opus est certes plus sombre, mais il également bien plus abouti. Avec sa production opulente et soignée qui met parfaitement en exergue le génie mélodique d’un David Bartholomé toujours aussi doué pour pondre des tubes en quelques accords à peine, Molecule est un disque puissant qui cache son lot de perles pop imparables sous des airs opaques. Que le trublion en chef se la joue âme en peine, écorché vif ou petit nerveux, le résultat est toujours le même: la réussite est au rendez-vous. Brassant un éventail bien plus large d’influences que par le passé (aux Beach Boys et à Pavement sont venus se greffer les Pixies et les Talking Heads), le Sharko version 2007 ne se cache plus derrière des mélodies fragiles et préfère carburer à plein régime. Pour couronner le tout, notre ami David fait montre d’une maîtrise vocale encore plus impressionnante que sur III, rendant les comparaisons des débuts avec Sting de moins en moins évidentes.

“No contest, I am the best” lance David Bartholomé sur le dernier morceau de Molecule. Il ne croit pas si bien dire: avec ces onze nouveaux titres, Sharko évite une nouvelle fois la redite et atteint un nouveau palier dans son inéluctable marche en avant. La Wallonie est déjà conquise. Quant à la France, cela ne saurait tarder...

Le goût des autres :
8 Nicolas